Apple, Bono, la reine d’Angleterre… : plusieurs personnalités et grands groupes sont épinglés par l’enquête des « Paradise papers » sur les pratiques d’optimisation fiscale à l’échelle mondiale. Les mis en cause rejettent toute irrégularité et affirment avoir eu recours à des montages légaux.
Elizabeth II disposerait, via le Duché de Lancaster, domaine privé de la souveraine et source de revenus, d’une dizaine de millions de livres sterling d’avoirs dans des fonds aux Iles Caïmans et aux Bermudes. Ces fonds placés dans des paradis fiscaux sont, d’après les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), investis dans de nombreuses sociétés dont Brighthouse, une entreprise de location-vente d’électroménager britannique accusée de profiter de la misère via des remboursements à taux d’intérêt prohibitifs.
Son fils, le prince Charles aurait fait campagne pour que certains accords sur le changement climatique soient modifiés, sans révéler que le Duché de Cornouailles, une de ses sources de revenu, venait d’investir dans une société basée aux Bermudes qui profiterait des propositions avancées par l’héritier de la couronne britannique.
Le secrétaire d’État au Commerce américain, Wilbur Ross, contrôlerait 31% d’une société de transport maritime, Navigator Holdings, via des sociétés offshore. L’un des principaux clients de cette entreprise est selon l’ICIJ une société gazière russe Sibur, contrôlée par des proches du président Poutine, dont un oligarque sanctionné par Washington après l’annexion de la Crimée.
Au Canada, le milliardaire Stephen Bronfman, ami du Premier ministre Justin Trudeau et trésorier de son parti lors de sa campagne électorale en 2015, aurait placé 52 millions d’euros dans une société offshore aux Iles Caïmans.
Au Brésil, les ministres de l’Économie et de l’Agriculture, Henrique Meirelles et Blairo Maggi, voient également leurs noms cités dans des sociétés offshore dans des paradis fiscaux.
Le leader du groupe U2 Bono est selon l’enquête « Paradise papers » actionnaire d’une entreprise maltaise qui aurait investi dans un centre commercial lituanien, via une holding lituanienne qui aurait recouru à des techniques d’optimisation fiscale illégales.
Shakira à Malte et au Luxembourg
Le quadruple champion du monde de Formule 1, le Britannique Lewis Hamilton, aurait utilisé une société-écran sur l’île de Man pour économiser la TVA lors de l’achat d’un nouveau jet privé de plus de 18 millions d’euros, soit plus de 4 millions d’euros, selon le Guardian.
La chanteuse américaine Madonna aurait investi, selon Radio France, dans une société bénéficiant de taxes sur la plus-value quasiment inexistante. D’après le New York Times, la star aurait des parts dans une société de matériel médical.
La chanteuse colombienne Shakira, qui vit à Barcelone, serait domiciliée aux Bahamas pour des raisons fiscales et aurait transféré à Malte et au Luxembourg ses droits d’auteur, environ 31,6 millions d’euros, d’après Le Monde.
Le réalisateur à succès Jean-Jacques Annaud (L’Ours, Sept ans au Tibet) aurait, durant vingt ans, dissimulé 1,5 million de dollars de recettes de ses films dans un trust sur l’île anglo-normande de Guernesey.
Les filiales d’Apple en Irlande ont selon l’ICIJ profité d’un vide dans le droit fiscal irlandais, ce qui leur a permis un temps de ne payer aucun impôt dans le monde. Le groupe à la pomme a ensuite déménagé à Jersey où le taux d’imposition pour les entreprises est nul.
Nike aurait utilisé une série de montages aux Pays-Bas et aux Bermudes pour échapper au paiement de plusieurs milliards d’euros d’impôts.
La société de VTC Uber, ou encore le fabricant du Botox, le laboratoire pharmaceutique Allergan, auraient eu recours à des montages semblables. Les « Paradise papers » ont par ailleurs révélé que des sociétés russes, proches du Kremlin, avaient investi des centaines de millions de dollars dans Twitter et Facebook. Les géants de l’internet sont actuellement sous le feu des critiques, notamment au Congrès américain, sur l’utilisation de leurs plateformes dans la propagation de rumeurs russes pendant la campagne présidentielle américaine de 2016.
Le Quotidien/AFP