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Emploi : l’attractivité du Luxembourg est-elle à remettre en cause ?


Sur 119 pays, le Luxembourg s'est classé en 2017 à la 8e position des pays véhiculant une image attractive pour le monde des affaires, mais n'arrive qu'à la 11e position au niveau de la capacité à retenir ses talents. (illustration François Aussems)

Lors du quatrième café-débat du Liser, en collaboration avec Le Quotidien, la question de l’attractivité du Luxembourg sur le marché de l’emploi international a été décortiquée.

En Europe et au Luxembourg, il existe des pénuries de profils professionnels, notamment dans les secteurs de l’informatique, de la banque et de la finance. À titre d’exemple pour le Grand-Duché, 28% des offres d’emploi disponibles auprès de l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) restent sans candidat, faute de profils disponibles sur le marché de l’emploi local et, même, de la Grande Région.

De plus, une étude du Liser montre que les entreprises éprouvent de grandes difficultés à recruter du personnel pour des postes de professions intellectuelles et scientifiques, de dirigeants et de cadres de direction. Un constat qui force les employeurs à regarder de plus en plus loin et en dehors des frontières de l’Union européenne pour attirer des talents et des profils «hautement qualifiés». Mais s’il est très simple d’engager un Européen, ce n’est plus du tout la même histoire quand il s’agit d’un ressortissant hors-UE, encore qu’il faille trouver des candidats désirant quitter leur pays pour s’installer au Luxembourg, même si le pays dispose d’une certaine attractivité.

«Les jeunes profils sont surtout attirés par le niveau élevé des rémunérations au Luxembourg, car il faut savoir que, pour faire venir un ressortissant d’un pays tiers, un employeur doit proposer au moins 1,2 fois le salaire moyen luxembourgeois pour être en conformité avec la législation européenne», explique Bénédicte Souy, fondatrice et dirigeante de Moving People 2 Luxembourg, une société qui conseille et assiste les entreprises dans leurs formalités de recrutement d’employés nécessitant un permis de travail.Pour les couples ou les profils plus âgés, selon Bénédicte Souy, «la question de la qualité de vie passe avant la question salariale. D’ailleurs, une question qui revient souvent, c’est le droit à une sécurité sociale, car, dans certains pays, on est loin d’un système comme la CNS.»

Le débat a réuni plusieurs experts du monde associatif, de l'entrepreneuriat et de la recherche universitaire. (photo Alain Rischard)

Le débat a réuni plusieurs experts du monde associatif, de l’entrepreneuriat et de la recherche universitaire. (photo Alain Rischard)

Déjà en haut des classements

Si le pays est attractif, il reste quelques barrières. «Le logement est un problème pour les migrants qui souhaitent venir s’installer dans le pays, surtout s’ils sont ressortissants d’un pays tiers, tente d’alerter la présidente de l’ASTI. Ils pourraient peut-être plus facilement trouver un logement du côté d’Arlon ou de Thionville, mais cela veut dire de nouvelles démarches administratives avec la France ou la Belgique. Il y a également le problème des retraites: si un ressortissant d’un pays tiers cotise au Luxembourg et que son pays n’a pas d’accord avec le Grand-Duché, il ne pourra pas toucher sa retraite luxembourgeoise s’il retourne dans son pays. Sans parler des problèmes liés au communautarisme et à l’intégration des travailleurs étrangers au Luxembourg.»

Laura Zuccoli admet cependant que le Luxembourg a déjà fait des efforts, entre autres avec la création d’écoles internationales permettant aux familles étrangères de s’installer tout en permettant aux enfants de rester à leur niveau scolaire, ce qui, là aussi, est un aspect important à prendre en considération lorsqu’un travailleur hautement qualifié ayant une famille est recruté par une entreprise luxembourgeoise.

Après deux heures de débat, abordant le sujet par plusieurs angles possibles, Jean-Paul Olinger, le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises, rappelle que le Luxembourg dispose déjà d’une certaine expérience de l’accueil de travailleurs étrangers, qualifiés ou moins qualifiés, ressortissants de l’UE ou d’un pays tiers, dans la mesure où «près de deux tiers des travailleurs ont une nationalité autre que la nationalité luxembourgeoise».

Faut-il s’en inquiéter ?

Finalement, le Luxembourg attire déjà les travailleurs hautement qualifiés, même s’il reste encore des barrières réglementaires au niveau européen, qui sont d’une certaine façon des garde-fous. Sur 119 pays, le Luxembourg s’est classé en 2017 à la 8e position des pays véhiculant une image attractive pour le monde des affaires, mais n’arrive qu’à la 11e position au niveau de la capacité à retenir ses talents.

Au vu des chiffres luxembourgeois, faut-il s’inquiéter de l’attractivité du pays ? Frédéric Docquier, chercheur qualifié du Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS) en Belgique et professeur d’économie à l’université catholique de Louvain, a tenté d’y répondre : «C’est tout de même paradoxal d’avoir un débat sur les stratégies que doit déployer le Luxembourg pour attirer des travailleurs étrangers hautement qualifiés, alors que la main-d’œuvre du pays est déjà aux deux tiers étrangère. Par ailleurs, la proportion de main-d’œuvre qualifiée parmi les migrants au Luxembourg est parmi les plus importantes au monde, tandis qu’en Belgique on se plaint du manque de qualification de nos migrants, même si je pense que la Belgique et Bruxelles restent très attractives.»

Jeremy Zabatta

Un commentaire

  1. @Jeremy Zabatta
    I’d like to know more about the topic. Could you please cite the recerence for this: « Sur 119 pays, le Luxembourg s’est classé en 2017 à la 8e position des pays véhiculant une image attractive pour le monde des affaires, mais n’arrive qu’à la 11e position au niveau de la capacité à retenir ses talents ».
    TIA