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Pourquoi DiCaprio ne méritait pas l’Oscar


Allez Leo, rends ta statuette. (Photo AFP)

Après l’excitation des Oscar 2016, place à la raison. Devant l’unanimisme bon teint du palmarès, il est nécessaire de s’interroger sur l’opportunité de donner la statuette à Leonardo DiCaprio cette année. Et pas les précédentes.

Leonardo souffre, Leonardo agonise. Il se tort de douleur et ses compagnons d’infortune n’ont d’autre choix que de le transporter à travers les Rocheuses sur un brancard de fortune. Pendant la première heure de The Revenant, après une introduction haute en couleur, le personnage de Hugh Glass est quasiment inexistant. Tout juste voit-on ses yeux, pendant que son corps est recouvert de peaux de bêtes pour le protéger du froid. Et les yeux de Leo, tout le monde les aime. Certes. Mais justifient-ils le titre officieux de meilleur acteur du monde ?

Dans la deuxième partie du film, Leonardo est en colère, très en colère, et il fronce les yeux. Très fort. Il a froid et il grelotte. Beaucoup. Il souffre et il agonise. Encore. Autant de postures qui font les prix d’interprétation. Piège dans lequel les jurys du monde entier aiment à tomber.

Mais jouer, c’est aussi dire du texte. Au moins un peu de texte. Sauf quand on est cloué à une chaise roulante comme Eddie Redmayne dans The Theory of Everything, primé en 2015, ou Daniel Day-Lewis dans My Left Foot, vainqueur en 1990. Et du texte, Leonardo en clame peu.

Forcément, il est seul dans la neige. Et il a froid. Comment ça, on l’a déjà écrit ?

Bryan Cranston, évidemment

Face à Leonardo, peu faisaient le poids, cette année. Difficile de récompenser Eddie Redmayne une deuxième année consécutive, cette fois pour son rôle dans le caricatural et simpliste Danish Girl, qui le voit changer de sexe parce qu’il aime porter des robes. Non, pas deux fois, Eddie, après la statuette de The Theory of Everything.

Matt Damon, dans The Martian ? Un adversaire plus crédible, tant la superproduction de Ridley Scott repose sur l’intensité du bon Matt. Mais le film est un « feelgood movie » et pas du genre à séduire un jury, qui apprécie les personnages en souffrance, et ceux qui ont froid. Très froid.

Restaient Michael Fassbender, dans Steve Jobs, et Bryan Cranston, dans Dalton Trumbo. Du lourd, du très lourd. Le bon Michael décrochera la statuette, ce n’est qu’une question d’années. Il devrait même en avoir une petite collection, ne serait-ce que pour ses rôles dans Hunger, où il était magistral, ou dans Shame, deux films de Steve McQueen qui démontraient tout son talent. Patience Michael, l’Oscar t’est promis.

Cette année, c’est bien Bryan Cranston qui méritait de repartir du Dolby Theater couvert de gloire. Surtout connu pour son rôle de Walter White dans la série Breaking Bad, Bryan Cranston porte à lui seul l’excellent Dalton Trumbo, de Jay Roach, sur les écrans le 27 avril prochain. L’histoire du plus grand scénariste que Hollywood ait engendré est littéralement portée par Cranston, génial d’insolence et d’arrogance. Sauf qu’il n’a pas froid, qu’il ne souffre pas. Qu’il sublime son rôle comme jamais, avec une présence que Leonardo n’a pas dans The Revenant.

N’en déplaise aux fans de Leo, ce n’est pas cette année qu’il aurait dû décrocher le Graal. Mais en 2013, pour Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese, ou en 2004, pour Aviator, du même Marty. Il y était grand, hypnotisait l’écran et ne souffrait pas, n’avait pas froid. Il y jouait, avec grandeur, un peu comme Cranston dans Dalton Trumbo.

Christophe Chohin

2 plusieurs commentaires

  1. J’ai aussi du mal à accepter Di Caprio dans « ma » liste des excellents acteurs….Mais dans The Revenant, je l’ai trouvé convaincant, n’en déplaise au rédacteur de cet article.Je ne suis pas du tout fan de ce Monsieur, mais j’ai apprécié Inception et Shutter Island, pour le reste boffff….
    N’ayant pas vu les autres films en lice pour les Oscars, il m’est difficile de juger, mais j’ai trouvé son interprétation assez convaincante.

  2. Je suis d’accord qu’il ne méritait pas l’oscar pour the revenant, mais je ne suis pas d’accord qu’il le méritait davantage pour wolf of wall street; il est totalement caricatural dans les deux, le froncement de sourcils et la bave aux lèvres de revenant étaient simplement remplacés dans wolf par les hurlements dans le microphone. Dans les deux cas il s’agit de personnages sans profondeur accompagnés de dialogues indigents. Leo n’est simplement pas un très bon acteur ou en tous cas n’a pas de très bons rôles (n’en déplaise aux fans de Leo à qui votre article n’a pas dû plaire beaucoup).