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[Musique] Le destin royal de Marc Martel


Sans l’ombre d’un doute, et sans surprise, Marc martèle que, dans Queen, le meilleur compositeur était Freddie Mercury. (Photo : crystal k. martel)

Adoubé par les membres de Queen, les producteurs du film Bohemian Rhapsody et même Céline Dion, Marc Martel est la réincarnation vocale de Freddie Mercury. Il jouera son propre «show» entre intime et flamboyant, One Vision of Queen, le 13 octobre, à la Rockhal.

Canadien de naissance, élevé dans la foi et installé de longue date à Nashville, Tennessee, capitale de la musique country : sur le papier, rien ne prédisposait Marc Martel à interpréter sur scène les plus grands succès du groupe Queen. À une exception près : sa voix, que l’on jurerait hantée par Freddie Mercury lui-même. Dans le «showroom» et centre bruxellois Piano’s Maene, où le musicien s’est arrêté mi-juin, pour un miniconcert seul au piano, il a régalé de ses prouesses vocales sur Bohemian Rhapsody, Love of My Life ou We Are the Champions. La précision du chant et la ressemblance du timbre ne laissent aucun doute : si l’on ferme les yeux, c’est Freddie qu’on entend.

«Je sais que le public qui vient me voir veut l’entendre comme s’il était là, et c’est ce que j’essaie de faire au mieux», raconte le musicien de 47 ans qui, jusqu’en 2016, a fait plusieurs fois le tour du monde avec le «tribute show» officiel The Queen Extravaganza. En 2018, il a enregistré les succès de Queen avec l’acteur Rami Malek dans les studios d’Abbey Road, à Londres, pour le biopic Bohemian Rhapsody – la voix chantée dans le film est un morphing de leurs deux voix, mélangées aux enregistrements d’origine. Et tourne depuis avec son propre spectacle royal, One Vision of Queen (anciennement The Ultimate Queen Celebration), qu’il amènera le 13 octobre prochain sur la grande scène de la Rockhal.

Pour Marc Martel, l’amour de la musique a commencé longtemps avant de découvrir Queen. Formé au piano et à la guitare, il se définit comme «issu du rock chrétien», un «genre de niche typiquement nord-américain» auquel il a consacré une grande partie de sa vie au sein du groupe Downhere (1999-2012). C’est son camarade bassiste qui aurait pointé son insolite ressemblance vocale avec le chanteur de Queen, un nom qui ne disait rien à Marc Martel – à l’époque, c’était plutôt «le top 40 à la radio» et les albums de Pearl Jam qui passaient dans ses oreilles.

Il admet avoir reçu un petit choc quand, à 14 ans, il a «entendu Bohemian Rhapsody dans le film Wayne’s World» : «Ça m’a donné une forte impression, celle d’un morceau étrange et fou. Mais j’ignorais qui était le groupe… et j’avoue ne pas être resté jusqu’à la fin du générique», s’amuse-t-il aujourd’hui. Il redécouvrira l’immense morceau et le reste de la discographie de Queen «sur le tard, vers 18-19 ans».

«Raconter ma propre histoire»

C’est en 2011 que «(s)a vie a changé» : lors d’une audition pour le «tribute band» officiel de Queen, il bluffe Brian May et Roger Taylor avec son interprétation de Somebody to Love. Sa préférée du groupe, en tout cas «celle qui a le plus de signification» pour lui : «C’est la seule chanson gospel que Freddie Mercury ait écrite», explique Marc Martel, fils d’un pasteur et «élevé à l’église», ajoutant que le chanteur de Queen avait composé cette chanson dans l’espoir qu’Aretha Franklin la reprenne un jour avec une chorale.

La vidéo de son audition est devenue virale, tout comme deux prestations en direct à la télévision, l’une au Québec, devant une Céline Dion médusée et en larmes, l’autre dans l’émission American Idol, tandis qu’il est rejoint à la guitare électrique et à la guitare par les deux membres originels de Queen. Autant de moments où musique et spiritualité se rejoignent, et qui ont installé Somebody to Love comme la chanson «signature» de Marc Martel.

C’est l’une des nombreuses histoires qui tissent le fil rouge derrière le «show» One Vision of Queen : «Le spectacle me permet de rendre hommage à leur musique tout en racontant ma propre histoire, et comment ma vie est entrée en collision, de la façon la plus étrange qui soit, avec leur travail», décrit Marc Martel. Et de prévenir : «Quand les gens vont à un spectacle hommage à Queen, ils s’attendent à voir le chanteur débarquer dans une veste jaune avec une fausse moustache.» Lui cultive un look de rockeur à l’ancienne : perfecto près du corps, jeans, bottines, banane soigneusement gominée. «Ce qui rend ce spectacle particulier, je crois, c’est que je ne fais pas semblant d’être Freddie Mercury. En tant qu’artiste, j’ai toujours écrit mes propres chansons, et je n’ai jamais été intéressé par l’idée d’interpréter quelqu’un d’autre», assure-t-il.

Hommage

Ainsi, le spectacle ne s’arrête pas seulement à démontrer ses talents d’incarnation de la voix la plus mythique de l’histoire du rock, mais aspire aussi à rendre hommage à un groupe qui l’a aidé, de près ou de loin, à s’«accomplir musicalement». «Être moi-même auteur-compositeur-interprète m’a aussi aidé à mieux comprendre la musique de Queen, l’esprit d’un compositeur, quand il choisit d’écrire ceci plutôt que cela…». Aux yeux de Marc Martel, avant d’être des stars du rock, les membres de Queen sont surtout «chacun d’immenses compositeurs qui ont travaillé vraiment dur pour écrire des morceaux dont il se trouve que tout le monde les connaît et les adore».

Sans l’ombre d’un doute, et sans surprise, Marc martèle que, dans Queen, le meilleur compositeur était Freddie Mercury. «Quoique Brian le talonne, rectifie-t-il, on lui doit The Show Must Go On, Who Wants to Live Forever, ou encore We Will Rock You, probablement la chanson la plus rock’n’roll jamais faite.» Mais il garde un faible pour les «délires fantastiques et théâtraux» du chanteur, notamment pour la façon dont il imprime sa marque sur la mélodie. Il remarque : «Quoi qu’il arrive, le chanteur d’un groupe définit son identité musicale. Dans le cas de Queen, le son de guitare de Brian May est unique au monde, tout comme le jeu de batterie de Roger Taylor. Malgré cela, sans la voix de Freddie Mercury, ce n’est plus tout à fait Queen, non?»

«Souci de réalisme»

Après plus de douze ans à écumer les salles du monde entier et de toutes tailles, le chanteur prodige connaît bien son sujet. Mais se laisse encore surprendre par ses aînés : «Je joue et chante si souvent Queen sur mon propre rythme qu’il est bon, parfois, de retourner aux origines», admet-il. «Par exemple, j’ai longtemps chanté l’outro de Bohemian Rhapsody – « Nothing really matters… » – en glissant pour aller chercher la note haute. En la réécoutant, j’ai réalisé que Freddie démarre la phrase directement sur la note.» Dans un «souci de réalisme et d’authenticité», Marc Martel a donc bravé la difficulté et «changé (sa) façon de chanter» les «hits» de Queen.

Sur scène, il interprète aussi des titres «que le public ne connaît pas forcément aussi bien». Pour ceux-ci, tels que Hammer to Fall, un classique du groupe en concert, il «(se) permet de changer un peu la façon de chanter», mais toujours pour coller à une histoire plus proche de la sienne. Dans cette optique, il ouvre toujours son spectacle au changement, à l’envie de jouer tel ou tel morceau, pourquoi pas plus rare.

«Si je pouvais parler à Freddie, je suis sûr que ce serait bizarre»

L’album A Night at the Opera (1976), qui contient Bohemian Rhapsody, est encore émaillé d’étranges pépites, comme la ballade hard rock I’m in Love with My Car, composée et interprétée par Roger Taylor : «J’envisage parfois de la faire sur scène, car je l’ai souvent jouée pour moi-même, juste à la guitare… Mais ça reste une chanson bizarre, l’histoire d’un type amoureux de sa voiture», s’esclaffe Marc Martel. Une chanson qu’il a malgré tout «appris à aimer», tout comme 39 (dans le même album), excellent chant folk signé Brian May qui finira «peut-être» aussi par trouver sa place dans le spectacle.

Chez le spécialiste bruxellois du piano, qui abrite dans son immeuble des salles de répétition et un auditorium, Marc Martel a choisi de jouer son «showcase» sur un Doutreligne à queue – la marque maison, fondée en 2004. Un piano un peu spécial, puisqu’il a été décoré par l’artiste urbain Amty.One : «Si je l’ai choisi, c’est surtout parce que c’est le piano le plus rock sur lequel j’aurais pu jouer.»

Fidèle à lui-même, il désamorce une dernière «trick question» : préférerait-il remplir le stade de Wembley (où Queen a donné son concert mythique en 1986) ou rencontrer son idole en personne? «Si je pouvais parler à Freddie aujourd’hui, je suis sûr que ce serait bizarre. De manière générale, je n’aime pas rencontrer les gens célèbres – en particulier quelqu’un dont j’ai passé tellement de temps à penser à son travail.» Un signe d’humilité qui lui fait tout de même conclure, dans un rire : «Définitivement Wembley!»

«One Vision of Queen feat. Marc Martel» Le 13 octobre à 20 h. Rockhal – Esch-sur-Alzette.

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