Le quatuor pop luxembourgeois District 7 présente, vendredi à la Kulturfabrik (20h), son deuxième EP, The Place We Used to Call Home, et s’interroge à travers quatre chansons sur le sens de la patrie et le fait de se sentir chez soi.
Ils sont jeunes, la moitié d’entre eux sont encore lycéens, mais ils ont déjà quelques années d’expérience et de réussites derrière eux. Les quatre membres de District 7 sont de retour avec un second EP qui abandonne le punk-garage qui les a fait connaître et propose une musique plus complexe, aux rythmes plus pop, autour d’un fil rouge profond, dans l’air du temps, à travers quatre chansons sur ce qu’est «être chez soi», se «sentir chez soi», aussi bien au niveau de la patrie que de la propriété immobilière. Si ce n’est pas de la maturité, ça y ressemble!
Page Facebook du groupe.
Né en 2011, formé alors par des jeunes à peine adolescents, District 7 a su évoluer avec l’âge de ses membres. Concert après concert, festival après festival et prix après prix (rien qu’au Screaming Fields, ils en ont remporté quatre : meilleur live en 2013, meilleure composition en 2014, meilleure chanson et coup de cœur de la Rockhal en 2016), le groupe a réussi à garder le cap malgré les années et les obligations des uns et des autres.
Certes le line-up a dû changer, mais il a su garder la dynamique. Désormais composé de David Marx à la guitare, Denis Schumacher à la batterie, Jeff Hennico à la basse et Julien Binda au chant, le quatuor a su, malgré la jeunesse de ses membres – ils ont entre 19 et 24 ans à peine –, se bonifier avec le temps, prendre de la bouteille.
Exit désormais l’énervement excessif et parfois sans fondement de la jeunesse qu’on pouvait trouver dans le premier EP, Brave New World , sorti en 2014, place, dans cette nouvelle galette, The Place We Used to Call Home , à une réflexion profonde. Peut-être pas politique, quoique, sur la patrie, le chez-soi, la maison, etc., aussi bien au niveau matériel qu’idéologique. Le tout en quatre petites chansons. C’est un peu court, Julien Binda, le chanteur et auteur du groupe, le reconnaît volontiers, mais le groupe semble clairement privilégier la qualité à la quantité.
D’ailleurs, ne cherchez plus à vous procurer Brave New World , le groupe est tellement passé à autre chose et évolue désormais à un niveau tellement supérieur que ses membres n’ont plus trop envie de le vendre ou de l’écouter. Certes, quelques-unes de ses cinq chansons demeurent dans la set-list du groupe quand il monte sur scène, mais l’EP, lui, est désormais clairement de l’histoire ancienne. Depuis, le groupe est parti enregistrer deux singles – Heartbeat et Black & White – en décembre 2015 à Londres, puis en juillet dernier, à Lisbonne pour ce The Place We Used to Call Home que les fans pourront se procurer à partir de demain à la release party qui se tiendra à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette.
En d’autres termes, pour parler de sa patrie, de son chez soi, District 7 a senti le besoin de s’éloigner, pendant un temps du moins, de mettre de la distance, d’aller voir ailleurs. Rien de contradictoire en cela, au contraire, ces voyages ont permis aux rockeurs de porter un regard neuf, plus ouvert et pertinent.
«Recréer notre chez-nous à Lisbonne»
« La maison, être chez soi, c’est plus un sentiment, plus une sensation qu’une place définie », note Julien Binda. « Je suis convaincu qu’on peut être « dans sa maison » et ne pas se sentir « à la maison ». Pour éviter ça, parfois il faut partir, être complètement dépaysé pour se sentir à nouveau « chez soi » ou, au moins, pour ensuite revenir et, là, se sentir à nouveau bien. Nous avons voulu partir pour faire d’autres expériences, pour voir d’autres choses, pour rencontrer d’autres gens et, justement, enregistrer loin de la maison pour qu’on ait à recréer, pendant ces 14 jours sur place, une sorte de chez-nous à Lisbonne, juste nous quatre, pendant l’enregistrement. »
Les quatre morceaux de l’album étaient déjà composés – le groupe en avait même six dans les bagages – au moment de leur voyage au Portugal, on ne peut donc pas dire que ce séjour lisboète ait vraiment influencé le processus créatif, mais le travail avec le producteur Vasco Ramos a lui vraiment façonné les différentes chansons et la couleur générale de l’EP.
En ce qui concerne les chansons, justement, chacune est pensée comme une sorte de tableau, musical bien sûr, sur cette idée générale de ce qui fait qu’on se sent chez soi. Il y a le temps qui passe dans Hold On , les fâcheries de couple, de famille, etc., qui peuvent faire qu’on ne se sent plus chez soi dans sa propre maison et le besoin de partir qui en découle dans The Place We Used to Call Home , qui a donné son nom à l’EP. Il y aussi les souvenirs qui font qu’on s’enracine à un endroit, ou qu’on a envie d’y retourner, dans Comfort of a Smile et, enfin, l’idée que son pays, sa patrie, c’est aussi et peut-être surtout l’endroit où l’on a enterré ses êtres chers, dans Dancing with the Ghost .
Bref, des chansons bien faites et un fil rouge pertinent que le public va pouvoir découvrir demain soir à la KuFa. Le groupe y donnera, à l’occasion de cette release party, son premier concert de l’année. District 7 a prévu pour l’occasion un set d’une cinquantaine de minutes. Les quatre nouvelles compositions rejoindront ainsi les deux singles sortis l’an dernier, ainsi que les quelques morceaux du premier EP – remis au goût du jour – dans lesquels le groupe continue à se retrouver.
Pablo Chimienti
Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette. Vendredi 10 février à partir de 20h. Support : Tuys, Rat October et Umi (DJ set).