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Les Golden Globes célèbrent la lutte contre les violences sexuelles


Temps fort de la nuit, la productrice, présentatrice et actrice vedette noire Oprah Winfrey a reçu le prix Cecil B. DeMille pour sa carrière. (photo AFP)

Les Golden Globes ont célébré dimanche la lutte contre les violences sexuelles à Hollywood et ailleurs après l’onde de choc déclenchée par l’affaire Weinstein, avec des œuvres mettant en scène des personnages féminins forts sacrées dans toutes les catégories.

3 Billboards : Les panneaux de la vengeance et Big Little Lies ont été les grands gagnants. Temps fort de la nuit, la productrice, présentatrice et actrice vedette noire Oprah Winfrey a reçu le prix Cecil B. DeMille pour sa carrière. « Dire notre vérité est l’outil le plus puissant que nous ayons. Je suis particulièrement fière et inspirée par toutes les femmes qui se sont senties suffisamment fortes pour élever la voix et partager leurs histoires personnelles », a déclaré cette personnalité adorée des Américains. « Depuis trop longtemps, les femmes n’ont pas été entendues ou crues si elles osaient dire la vérité face au pouvoir de ces hommes. Mais c’est fini pour eux ! C’est fini pour eux ! », a-t-elle ajouté, recevant une ovation debout et déclenchant des larmes parmi les actrices dans la salle de bal du Beverly Hilton.

Le producteur Harvey Weinstein, qui a régné sur Hollywood pendant des décennies, a été accusé par plus de 100 femmes de harcèlement, agressions sexuelles ou viols, et sa chute a déclenché une onde de choc dans le monde entier et dans tous les secteurs professionnels. Depuis, une litanie de personnalités du cinéma comme les acteurs Kevin Spacey, Dustin Hoffman ont à leur tour été accusés d’abus sexuels.

Nicole Kidman et Frances McDormand

3 Billboards : les panneaux de la vengeance, sur une mère qui demande justice (à l’aide de trois panneaux publicitaires) et dénonce l’inertie de l’enquête policière après l’assassinat de sa fille, a été couronné meilleur film dramatique avec quatre prix au total. Son interprète principale Frances McDormand, le scénario de son auteur-réalisateur Martin McDonagh et l’acteur dans un second rôle Sam Rockwell ont aussi été primés. Frances McDormand s’est dite heureuse de « participer au changement tectonique dans la structure de pouvoir dans notre industrie ». C’est Lady Bird, fable douce-amère sur une adolescente tourmentée mise en scène par Greta Gerwig – pourtant occultée de la sélection pour le prix des metteurs en scène – qui a décroché le titre de meilleure comédie, son interprète Saoirse Ronan repartant avec la statuette de meilleure actrice dans cette catégorie.

En télévision, la mini-série Big Little Lies a triomphé avec les Globes de la meilleure minisérie et des prix pour ses interprètes Nicole Kidman en femme battue, Alexander Skarsgard qui joue son mari violent lors de scènes terrifiantes, et Laura Dern en mère d’une petite fille harcelée en classe. La série La servante écarlate, qui dépeint un monde apocalyptique où les États-Unis sont aux mains d’une secte fondamentaliste maintenant les femmes fertiles en esclavage, a remporté la statuette de meilleure série dramatique, son actrice Elisabeth Moss étant également primée. Elle a dédié son Golden Globe à Margaret Atwood, auteure du roman dont est adapté la série : « C’est pour vous et les femmes (…) suffisamment courageuses pour vous élever contre l’intolérance et l’injustice ».

Gary Oldman et James Franco

Presque tous les participants à la soirée portaient du noir, répondant à l’appel d’actrices et de l’organisation Time’s Up fondée par de grands noms féminins d’Hollywood comme Natalie Portman et Jessica Chastain pour financer la défense de victimes d’abus sexuels au travail. Les projecteurs braqués sur les violences sexuelles ont occulté le débat sur le manque de diversité à Hollywood et le palmarès dimanche était presque entièrement blanc, à l’exception de Sterling K. Brown pour This is Us et Aziz Ansari pour Master of none.

La romance fantastique entre une muette solitaire et un monstre reptilien, La forme de l’eau, du Mexicain Guillermo del Toro, est repartie avec le Globe du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale pour le compositeur français Alexandre Desplat. Pentagon Papers, de Steven Spielberg, et Tout l’argent du monde, retourné en urgence pour expurger Kevin Spacey, sont repartis bredouilles. Chez les acteurs, c’est Gary Oldman, sans surprise, qui a été distingué en Winston Churchill dans Les heures sombres, et James Francos dans la catégorie comédie pour The disaster Artist.

Le drame sur le terrorisme In the Fade, du cinéaste allemand d’origine turque Fatih Akin, une coproduction germano-française, a remporté le prix du meilleur film en langue étrangère.

Les Golden Globes forment un baromètre à la fiabilité variable sur les titres et artistes les mieux placés pour les Oscars, apogée de la saison des prix à Hollywood qui se tiendra le 4 mars.

Le Quotidien/AFP