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Isabelle Huppert et « Elle » sacrés aux Golden Globes


Isabelle Huppert à la cérémonie des Golden Globes, le 8 janvier 2017 à Beverly Hills. (Photo : AFP)

Isabelle Huppert a reçu dimanche le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour son rôle d’une femme violée dans « Elle » de Paul Verhoeven, sacré meilleur film en langue étrangère.

La légendaire actrice française était notamment en lice contre Amy Adams (« Premier contact ») et Natalie Portman (« Jackie »), qui était donnée favorite par les pronostiqueurs. En recevant son prix dans une robe grise brodée de strass, la comédienne aux yeux verts a chaleureusement remercié Paul Verhoeven de l’avoir « laissée être (elle-même) ». « Merci », a-t-elle dit aux votants de l’Association de la presse étrangère d’Hollywood, qui décernent les Globes, « de m’avoir fait gagner dans un film français dirigé par un réalisateur néerlandais, ici aux États-Unis ».

« Il y a des gens du monde entier dans cette salle, de Chine, d’Amérique, d’Europe. N’attendez pas du cinéma qu’il dresse des murs et des frontières », a-t-elle lancé sur la scène de l’hôtel Beverly Hilton où se déroulait la soirée des Globes, dans un message à peine voilé au président élu Donald Trump. Il a promis d’ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique et mené une campagne anti-immigration.

« Le cinéma abolit parfois les frontières » avait-elle déclaré la veille dans un entretien. Avec plus de 100 films à son actif, Isabelle Huppert a tourné avec les plus grands metteurs en scène du monde, dont aux États-Unis Otto Preminger, Michael Cimino, Hal Hartley (« Amateur ») et David O’Russell (« J’adore Huckabees »). Elle a déjà gagné tous les prix possibles et imaginables ailleurs dans le monde, mais n’avait été que peu récompensée aux États-Unis, avant « Elle ».

Ce Golden Globe complète la moisson américaine de récompenses que lui a valu ce thriller transgressif de Paul Verhoeven, accueilli par des critiques dithyrambiques. Forte de ce Globe, elle peut espérer une nomination aux Oscars. Dans cette adaptation d’un roman de Philippe Djian, elle interprète une femme violée qui, loin de s’effondrer, va traquer son agresseur, se lancer dans un jeu érotique, masochiste avec lui.

« Je suis vraiment heureuse de la réception du film et de l’attention qui lui est portée », avait-elle expliqué samedi. « Le fait qu’elle soit présentée dans la multiplicité de ce qu’on est tous au fond, une mère, une ex-femme, une fille, ça en fait un personnage particulièrement riche », avait-elle estimé. L’actrice française s’est intéressée très tôt au rôle, après avoir lu le livre de Djian et avant que le projet de film n’existe.

Le rôle de Michèle avait à l’origine été proposé à plusieurs actrices américaines qui l’ont refusé, le jugeant trop risqué. Paul Verhoeven a répété dimanche qu’il n’y a selon lui qu’Isabelle Huppert au monde qui aurait pu incarner ce personnage, louant « son audace », « son authenticité », « son talent ». La comédienne rousse et fine de 63 ans, qui s’apprête à tourner « Eva » de Benoît Jacquot, a expliqué que « dans les films il n’y a pas beaucoup de choses qui me font peur. la vérité ne me fait jamais peur. Dans la vie c’est autre chose ».

Elle a ajouté que « faire des films c’est une question de confiance. De toute évidence c’est ce qui s’est passé dans ce film. Paul et moi nous voulons prendre des risques en faisant de tels films. Même si ça dérange. Explorer la psychologie humaine c’est ce qui donne sa valeur au cinéma ». Paul Verhoeven, connu notamment pour « Basic Instinct » et « Total Recall », a déploré dimanche auprès des journalistes l’absence d’intérêt qu’avaient montré les producteurs américains pour le projet.

« Il y avait de la controverse aux États-Unis autour de ce film » mais « j’ai vraiment cru dès le départ que ce serait très étrange si (Isabelle Huppert) ne gagnait pas un prix » pour sa performance. Il estime qu' »Elle » a gagné le Globe du meilleur film étranger – face notamment à deux autres coproductions françaises « Le client » et « Divines » – parce qu’il est « innovant » et « ne cherche pas être moralisateur ».

Le Quotidien/afp