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« Gloups », « Boom »… Une nuit à la COP21 twittée par un député belge


« Boum », l’Arabie saoudite conteste les objectifs de température. « Gloups », le Venezuela prend à son tour la parole… Un député belge a joué au journaliste pour décrire sur les réseaux sociaux la longue nuit de négociations sur le climat au Bourget, marquée par un retour des « lignes rouges ».

Jean-Marc Nollet, député écologiste belge bénéficiant du statut « d’observateur » à la conférence sur le climat où sont réunis les ministres et délégués de 195 pays, a pu suivre les heures de pourparlers, de 23h30 jusqu’à l’aube, sur des écrans dans l’une des salles de la conférence. « J’ai pensé qu’on était à un moment charnière des discussions », a raconté Jean-Marc Nollet.

« Voyant que les journalistes accrédités n’avaient pas accès (à la retransmission sur les écrans) j’ai trouvé que ce serait utile de décrire les positions des pays en essayant d’être le plus objectif possible, en évitant de trop faire de commentaires », a ajouté ce député écologiste.

Au fil d’une centaine de messages postés sur son compte Twitter pour ses quelque 5 000 abonnés, le député s’est quand même autorisé quelques libertés. « Gloups« , écrit-il quand le Venezuela « exige » le « retrait » de la mention « mécanismes de marché ».

« Boum », note-t-il à « 5h20 » quand l’Arabie saoudite, autre pays pétrolier, « indique ne pas pouvoir accepter » les termes de l’article évoquant l’objectif de contenir le réchauffement « bien en deçà de 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle.

La lecture de son récit numérique permet de mesurer l’ampleur des divergences subsistant dans l’élaboration d’un pacte universel contre le réchauffement. « Tuvalu ne veut pas qu’on abandonne (déjà) l’option 1,5°C » alors que la Russie, au contraire, « refuse le passage où on évoque 1,5°C car il n’y aurait pas d’étude scientifique qui a ce stade le revendique », rapporte le « député-reporter ». La Chine souhaite des éclaircissements sur le « concept de neutralité » des émissions de gaz à effet de serre, terme utilisé dans le projet d’accord.

Les financements font aussi débat: l’Inde veut qu’on précise « que ce sont les pays développés qui doivent contribuer ». Quand la nuit avance, le représentant des Barbades s’agace: « Si ça continue, ce ne seront plus des scientifiques qui se pencheront sur le climat mais des archéologues… » « Impression qu’il est plus que temps d’arrêter les travaux pour ce matin… Chaque pays est en train de remonter ses lignes rouges », c’est-à-dire les sujets sur lesquels il ne souhaite pas transiger, écrit Jean-Marc Nollet quand l’aube approche.

Le président de la COP21, Laurent Fabius, qui comptait lever les derniers obstacles durant la nuit, prend finalement acte qu’il « sera difficile de rester dans l’agenda prévu », note le député belge. Rendez-vous est donc fixé à samedi matin pour la proposition d’accord final. « Attention à la perception en trompe-l’œil », soulignait vendredi matin M. Nollet, toujours optimiste sur les conclusions de la conférence.

AFP