Les nouvelles révélations sur l’utilisation des paradis fiscaux par de nombreuses personnalités à des fins d’évasion fiscale et de blanchiment montrent la nécessité d’interdire le recours aux sociétés écrans anonymes, estiment lundi quatre ONG qui luttent contre la corruption.
La communauté internationale doit « agir immédiatement pour adopter des règles de transparence qui interdisent les sociétés anonymes », exhorte Transparency International dans un communiqué, après la publication d’une enquête effectuée par plus d’une centaine de journaux, qui provoque ce lundi une véritable onde de choc mondiale.
« L’enquête Panama Papers dévoile le côté obscur du système financier mondial, où des banques, des avocats et des professionnels de la finance mettent en place des sociétés anonymes pour dissimuler des avoirs illégaux issus de la corruption. Cela doit cesser », argumente José Ugaz, président de l’ONG d’origine allemande, cité dans le communiqué.
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« A quand la fin de l’opacité des sociétés écrans ? », renchérit l’ONG One, qui estime que ces structures, qui permettent de cacher l’identité du propriétaire réel d’un compte ou d’une société, représentent « une faille majeure dans les progrès réalisés contre l’évasion fiscale et la corruption ».
L’ONG appelle notamment « la France à réagir et à mettre en place un registre public des bénéficiaires réels des sociétés et des trusts ».
« Lorsque l’on voit que le système a été mis en place pour des clients de plus de 200 pays différents, le constat est clair: l’évasion fiscale est aujourd’hui un problème mondial, qui impacte tous les pays et qui nécessite une réponse internationale », observe toutefois Manon Aubry, l’une des responsables d’Oxfam France.
« Après le Luxleaks, le Swissleaks (et de nombreux autres scandales fiscaux ces dernières années), les Panama Papers viennent rappeler le rôle central de l’opacité dans les stratégies visant à éviter l’impôt », souligne de son côté CCFD-Terre Solidaire.
« La pratique était connue mais ce que dévoilent ces informations, en provenance d’un seul cabinet d’avocats, est délirant: il s’agit d’une institutionnalisation, au niveau des plus puissants, de l’utilisation de sociétés opaques, à des fins de fraude fiscale ou de blanchiment d’argent. Or tout cela n’est permis que par l’opacité », insiste Lucie Watrinet, l’une des responsables de cette ONG, citée dans le communiqué.
CCFD-Terre Solidaire appelle, comme les autres ONG, à « imposer les mesures de transparence », mais également à « prévoir des poursuites à l’encontre des fraudeurs, mais aussi des banques et des cabinets d’avocats qui organisent ces pratiques scandaleuses ».
Le Quotidien / AFP