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Voiture piégée à Bergem : le fils souffre d’une psychose, selon l’expert


«Je lui ai donné tout ce qu'il voulait», a précisé le père, en rappelant qu'il lui mettait gratuitement à disposition son appartement à Dudelange. (photo archives David Marques)

Mardi, au deuxième jour du procès du jeune homme qui avait placé un engin explosif dans la voiture de son père à Bergem, un expert a livré son diagnostic. Le fils souffre d’un trouble délirant de persécution.

« Il m’a dit ne pas avoir voulu tuer son père. En plaçant la bombe dans la voiture de son père le 1er octobre 2016, il aurait juste voulu lui montrer que cela suffisait maintenant. » Deux fois l’expert neuropsychiatre a rencontré le prévenu Kim Z. (41 ans) en prison à Schrassig. La première fois fin décembre 2016, ce dernier s’était montré réticent. Il craignait que ses propos ne soient déformés. Lors d’un deuxième rendez-vous six mois plus tard, le quadragénaire avait accepté de s’exprimer. Au cours de cet entretien, il avait confié le grand conflit régnant entre lui et son père et son frère.

L’enquêteur l’avait déjà esquissé lors du premier jour du procès lundi. À la mort de son oncle, le frère aîné du prévenu avait hérité de plusieurs appartements. Ce n’est pas la seule injustice dont Kim Z. avait fait état à l’expert : son père aurait également donné la somme de 500 000 à 800 000 euros à son frère. «Kim Z. m’a dit que son père ne lui donnait pas assez d’argent.Il lui aurait réclamé 1 000 euros par mois…»

De cette rancune envers la figure paternelle serait née l’idée de placer une bombe dans sa voiture. Pour l’expert, aucun doute, le prévenu souffre d’un «trouble délirant de persécution». Un diagnostic qui lui fait relever une altération de ses capacités de discernement. Sur base de ses croyances délirantes inébranlables, le prévenu aurait organisé son acte. Sur plusieurs mois, il avait préparé l’engin explosif. Le spécialiste préconise un traitement. Un traitement qui serait toutefois difficilement réalisable en prison. Vu son manque d’autocritique, Kim Z. reste dangereux pour son père, conclut l’expert.

En début d’audience, la 9e chambre criminelle avait entendu les parents du prévenu. La mère séparée depuis de longues années du père a parlé d’un «garçon toujours gentil et serviable», mais qui aurait énormément souffert dès ses premières années d’école. Il aurait régulièrement été harcelé. Une partie de son enfance Kim Z. avait vécu chez sa mère en Allemagne avant de retourner vivre au Luxembourg.

Mais d’après la mère, son père lui aurait fait beaucoup de promesses qu’il n’aurait toutefois jamais tenues : «Kim a vu que son frère aîné était privilégié. Il en a beaucoup souffert.»

Le père «content d’être encore en vie»

Deux ans après les faits, le père, quant à lui, est toujours traumatisé par ce qui s’est passé le 1er octobre 2016. Successivement, il a été suivi par un neurologue, un psychologue puis un psychiatre. «Pourquoi mon fils a-t-il fait cela avec moi ?», s’est-il exclamé face aux juges. «Je lui ai donné tout ce qu’il voulait», a-t-il précisé en rappelant qu’il lui mettait gratuitement à disposition son appartement à Dudelange. «Quant à la Jeep (NDLR : celle qui a explosée) il avait hâte de l’avoir», se souvient le septuagénaire.

«Je suis content d’être encore en vie.» Voilà la phrase de conclusion du père. D’après le médecin légiste entendu quelques minutes auparavant, le père a vraiment eu de la chance d’avoir survécu à cet attentat.

Le tube métallique rempli de poudre noire et de projectiles, placé dans la console centrale de la Toyota Land Cruiser entre le siège conducteur et passager avait explosé quand le fils avait actionné le détonateur. La déformation de la tôle du véhicule témoigne de la violence de l’explosion. La victime s’en était sortie avec quelques hématomes et des brûlures du deuxième degré en haut du corps. Mais la conclusion de l’expert, quant à la dangerosité de cette bombe, est sans appel : «Les projectiles avaient suffisamment d’énergie pour pénétrer la peau et provoquer de graves blessures, notamment au niveau du cou et des yeux. Il aurait pu mourir.»

Suite et fin des débats ce mercredi après-midi.

Fabienne Armborst