La Chambre des députés s’apprête à voter le projet de loi sur l’extension de l’A3 à 2×3 voies. Le chantier pourrait débuter en 2018, mais risque d’être décalé à 2019.
Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch (déi gréng), continue de vivre un mandat déchiré entre son cœur écolo et le besoin d’investir dans de nouvelles routes. L’ancien échevin à la mobilité de la ville de Luxembourg a ainsi déjà eu l’ «honneur» d’inaugurer en septembre 2015 l’autoroute du Nord (A7), un projet majeur pour faciliter l’accès à la capitale en arrivant depuis l’Oesling. Les bouchons à la sortie du tunnel Stafelter pour rejoindre l’échangeur du Kirchberg n’ont pas disparu pour autant.
La situation est cependant bien pire sur l’A3, qui constitue, selon Roland Fox, le directeur de l’administration des Ponts et Chaussées, le véritable «cœur» du réseau autoroutier du Luxembourg. Les 13 km qui permettent de relier le poste-frontière de Zoufftgen à la capitale se transforment aux heures de pointe en véritable parking à ciel ouvert, aussi bien en direction de Luxembourg (le matin) qu’en direction de la France (le soir).
Alors que le Méco et déi Lénk restent opposés à une extension à 2×3 voies de l’A3, communément appelée l’autoroute de Dudelange, le ministre François Bausch a été obligé de passer à l’acte. En novembre, les travaux sur le projet de loi, qui constituera le cadre pour ce chantier d’envergure, ont été lancés pour de bon.
La députée Josée Lorsché (déi gréng) a été nommée le 6 novembre rapporteuse du projet. «Avec le flux de plus en plus important de camions qui vont mettre le cap sur le centre logistique multimodal de Dudelange-Bettembourg, on a été obligés de réagir. Il faut être réaliste, une extension de l’A3 à 2×3 voies ne sera pas suffisante à elle seule pour résoudre les problèmes de mobilité», note l’élue de Bettembourg.
La vitesse limitée à 70 km/h
Le discours de François Bausch n’est pas bien différent. «Le centre multimodal nous oblige à procéder à cette extension, mais elle ne constitue pas une solution absolue pour la mobilité sur ce tronçon. Le trafic arrivant à hauteur de la croix de Gasperich et du poste-frontière de Zoufftgen ne va pas disparaître pour autant.» Le projet prévoit en effet que la partie entre le poste-frontière et l’échangeur de Dudelange reste à deux voies. «Si cela bouge aussi du côté français, on pourra cependant adapter nos plans», ajoute Bausch. Et puis, il est prévu de réaménager complètement l’échangeur de Dudelange-Centre, avec à la clé une nouvelle voie d’accès en direction de la France. La croix de Gasperich sera aussi réaménagée pour permettre de fluidifier le trafic aux portes de la capitale.
Si le Grand-Duché va vivre cette semaine une petite révolution avec l’inauguration du tram à Luxembourg, le verrou ne va pas sauter si rapidement sur l’A3. Alors que le texte de loi devrait pouvoir être voté début 2018, le commencement de ce chantier titanesque pourrait être reporté à 2019. «Il nous faut encore réaliser des études pour assurer la meilleure coordination possible au niveau de la gestion du chantier», note Roland Fox. Une A3 à 2×3 voies ne deviendra donc réalité qu’en 2024, au plus tôt.
D’ici là, le gouvernement devra continuer à investir dans de nouveaux pôles d’échanges ainsi que dans l’amélioration de l’offre et des infrastructures des transports publics. François Bausch a annoncé mi-octobre un investissement global de 3,8 milliards d’euros pour la réalisation d’une dizaine de projets sur le réseau ferré, tram compris. «C’est un investissement colossal, aucun pays de l’UE n’investit autant que le Luxembourg pour les chemins de fer», se réjouit le ministre écolo. L’élargissement de l’A3 n’est donc qu’un élément d’un ensemble plus vaste pour améliorer la mobilité au Grand-Duché.
David Marques
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