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Transport scolaire au Luxembourg : «On peut partir à 5h30…»


Trop ou trop peu d'élèves dans les bus... avec la diversification des lycées, les besoins ont fortement changé (Photo : Isabella Finzi).

À chaque rentrée scolaire, les ministères de la Mobilité et de l’Éducation nationale doivent résoudre une équation qui ne cesse de devenir plus complexe : comment acheminer au mieux plus de 50 000 élèves depuis leur lieu de résidence à leurs lycées respectifs ?

«Le contact et les échanges sont permanents. On se montre aussi très réactifs s’il existe un besoin de renforcer la capacité d’une ligne», indique Alex Kies, chargé de direction des Transports publics au ministère de la Mobilité. «On ne peut cependant pas donner satisfaction à toutes les demandes. Je peux comprendre la frustration de certains élèves. Or il faut trouver les bons compromis», poursuit-il. «On a parfois l’impression qu’il n’existe pas de véritable organisation», rétorque une délégation de la CNEL que Le Quotidien a rencontrée. Une solution serait de faire «partir les bus dès 5 h 30, or on touche aux limites du supportable», avance Alex Kies. L’organisation du transport scolaire doit donc tenir compte de pas mal d’éléments. Les principaux concernés témoignent.

«Les lycées se retrouvent en concurrence»

«Un de nos problèmes majeurs est que les lycées se trouvent aujourd’hui en concurrence. Ils se spécialisent dans une formation. Il ne faut donc plus uniquement acheminer les élèves d’une seule région vers les lycées en question mais des élèves venant du pays entier», souligne d’entrée Alex Kies, chargé de direction des Transports publics au ministère de la Mobilité.

Un exemple est l’Atert-Lycée. «Avant, les élèves du canton de Redange étaient acheminés depuis les différentes localités vers le lycée. Aujourd’hui, des élèves habitant Luxembourg doivent rejoindre Redange. Et il nous arrive aussi que des élèves habitant Redange doivent être transportés à Ettelbruck ou Junglinster en fonction du choix de leurs études», détaille Alex Kies. Et il n’est pas toujours donné qu’un nombre suffisant d’élèves habitent le long d’une ligne potentielle pour compléter le réseau de plus de 100 lignes scolaires. «Notre mission n’est pas de proposer une solution spécifique à chaque élève. Il faut que la masse critique soit présente», complète-t-il. La question des retours est encore plus complexe : «Les heures de sortie de classe varient fortement. Il faut donc faire des choix pour organiser des courses pour le plus grand nombre d’élèves.»

«Si possible, on réagit du jour au lendemain»

Tous ces éléments compliquent une meilleure organisation du réseau. «Les informations concernant des bus surchargés ou des retards fréquents nous parviennent régulièrement. Dans la mesure du possible, on réagit du jour au lendemain, soit en augmentant la capacité, soit en faisant partir les bus plus tôt», explique Alex Kies. La réorganisation des lycées vient cependant s’ajouter à la surcharge du réseau routier. «Les bus scolaires doivent « nager » dans le flux du trafic individuel aux heures de pointe. Acheminer les élèves pour 8 h devant leur lycée n’est donc pas si simple.»

«Mener une réflexion sur l’heure de début des cours»

Le cadre pour l’année scolaire est établi lors de quatre conférences régionales aux mois de mars et avril. Les besoins exactes en termes de capacité sont cependant difficiles à évaluer. «Cela dépend des inscriptions. La planification se concrétise en juillet et août. Or on constate toutes les années, à la rentrée, qu’il existe des décalages», déplore Alex Kies. Des équipes du ministère sont déployées sur le terrain pour évaluer la situation. En principe, les adaptations ne tardent pas.

Les élèves peuvent toutefois faire partie de la solution. «Si, sur un trajet, on fait circuler trois bus avec un intervalle de 5 à 10 minutes, il est fréquent que les deux premiers soient moins remplis mais que le dernier soit bondé. Les élèves préfèrent souvent prendre le dernier bus qui part plus tard», indique Alex Kies. Les mésaventures en ce qui concerne la surcharge de bus sont cependant rares. «Une seule fois, un bus en direction du lycée de Clervaux a été arrêté par la police. Il était vraiment surchargé. Mais dès le lendemain, on a augmenté la capacité sur cette ligne», admet notre interlocuteur.

À terme, un changement de paradigme est cependant nécessaire. «Soit on part systématiquement à 5 h 30. On précède alors les bouchons et on dépose les élèves dès 7 h à l’école. Or aucun accueil n’est assuré à cette heure-là», avance Alex Kies. Une solution plus adaptée serait «de mener une réflexion approfondie sur l’heure de début des cours. Pour organiser le transport, il serait idéal de faire commencer l’école plus tard. Or cela posera des problèmes pour l’organisation du quotidien scolaire dans les lycées».

David Marques

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Les élèves témoignent

• « La capacité des bus n’est pas adaptée. En plus, le trajet se fait en zigzag, ce qui allonge la durée du transport » (Mike, élève au Lënster Lycée).

• « Au Limpertsberg, les bus scolaires forment leur propre bouchon » Plusieurs élèves se rendant aux lycées dispersés dans ce quartier de Luxembourg).

• « On est vraiment entassés dans un bus, qui en plus, est tous les jours en retard. Il y aussi un manque d’informations » (Un élève se rendant au lycée du Nord).

• « Après trois arrêts, le bus est bondé. Il arrive que des élèves restent debout pendant une demi-heure » (Anna, élève au Lënster Lycée).

• « Les retards de 10 minutes sont presque quotidiens. En tant que direction, je ne noterais même plus les VTT… » (Un élève fréquentant le lycée technique Mathias-Adam de Pétange.)

• « Je n’ai pas vraiment de bus pour rejoindre mon lycée. L’offre de lignes pour les retours de classe est aussi très partielle » (Christelle, élève au lycée technique pour professions de santé à Bascharage.)