Le gardien de Dudelange a appris mercredi qu’il débuterait la campagne internationale en n°2, derrière Moris. Il a dit non. Ce n’est pas encore la fin de l’aventure pour autant.
Luc Holtz a parlé d’une réunion mercredi. Quand on se fait convoquer par le sélectionneur à Mondercange, on se doute de quelque chose ?
Jonathan Joubert : Bien sûr que je m’en étais douté ! Je savais même. Je l’avais déjà annoncé à mes proches. D’autres étaient déjà passés avant moi, dans le bureau.
Quelle est l’ambiance, au début de cette réunion ?
Normale. On a parlé quelques secondes de mes 423 matches de DN (NDLR : il va égaler le record du nombre de matches de DN de l’Eschois Denis Scuto, ce week-end) puis on est passé directement sur LE sujet. Il m’a annoncé qu’il voulait installer Anthony Moris comme n°1 pour la prochaine campagne.
Quel sentiment vous passe par la tête ? L’incompréhension ? La déception ? La colère ?
Un peu de tout en même temps. Au niveau qualitatif, je n’ai rien à envier à personne. La seule chose qui a changé, c’est qu’Anthony, maintenant, a un poste de titulaire en D1 belge. S’il était resté remplaçant, on n’en aurait pas parlé, mais voilà, il est n°1. Et j’imagine que de son côté, ça doit pousser un peu aussi pour prendre ce poste en sélection.
Le sélectionneur brandit aussi l’argument recevable de l’âge et du fait d’avoir à préparer l’avenir.
J’ai 36 ans, et alors ? Physiquement, je me sens parfaitement bien. Je m’entraîne tout le temps et sérieusement. Non, c’est plus simple que ça : un sélectionneur fait ses choix, et « point barre ».
Vous avez souvent expliqué, ces dernières années, que vous ne viendriez plus si c’était pour faire n°2. Quand Luc Holtz vous l’a proposé…
…(Il coupe) C’est clair que c’était dur, mais je savais déjà exactement ce que j’allais répondre. Je vous ai dit : j’ai eu le temps d’y penser. Et personne dans mon entourage n’a essayé de m’en dissuader. Les gens m’ont même dit : « Il vaut mieux couper, clair et net ! »
Des voix ne manqueront pas de s’élever pour dire que par corporatisme et reconnaissance envers ces belles années, vous auriez pu rester encore quelques temps pour soutenir Anthony Moris.
Là, j’ai deux réponses. 1) Je m’en fous. 2) Lui aussi, il s’en fout. Anthony n’a pas besoin de ça. Il a assez de qualités pour ça et en plus, lui et moi, on a un caractère assez proche.
En même temps, on parle comme si vous tiriez un trait définitif sur la sélection, mais ce n’est pas le cas : vous tirez un trait sur les matches en Lettonie et en Bulgarie et vous ne vous interdisez pas de revenir plus tard.
On ne sait jamais, une saison, c’est long. Pour le moment, ma décision est la suivante : je préfère ne pas venir pour les deux prochains matches. Après, on verra. Peut-être que je sentirai qu’effectivement, je n’ai plus envie.
Au moins, vous restez indiscutable en club.
Oui, je n’arrête pas le foot ! J’aurai plus de temps pour le F91 et mon entraîneur (NDLR : Dino Toppmöller) était ravi quand je lui ai annoncé que je ne rejoignais pas la sélection. On peut toujours ramener une blessure d’une semaine internationale. Moi, ça ne risque plus de m’arriver.
Désolé d’insister, mais vous oscillez beaucoup entre le définitif et le temporaire. À quelles conditions reviendrez-vous ? Si Moris se blesse ou est frappé d’une suspension…
Il faut voir avec mon patron, si je peux être libéré, mais si c’est pour revenir JOUER, alors oui, je vais rejouer en sélection. Si c’est pour être n°2, aujourd’hui, c’est sûr et certain, c’est non. Maintenant c’est aussi parce que je l’ai appris il y a 24 heures. Pourquoi ne pas dire oui à ce poste de n°2 l’année prochaine ? Encore faut-il qu’alors, on veuille encore de moi.
Recueilli par Julien Mollereau