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Rétention de mineurs : «Je ne suis pas un masochiste», se défend Jean Asselborn


Les manifestants présents mercredi sur le parvis de la Chambre n'ont pas réussi à convaincre les députés. (photo Fabrizio Pizzolante)

La Chambre a validé avec une très large majorité l’augmentation de la durée de rétention des familles avec enfants. Avec des mots clairs, Jean Asselborn a insisté sur le caractère exceptionnel de cette mesure.

Comme il l’avait déjà fait mercredi dans nos colonnes, le ministre en charge de l’Immigration a tenu à justifier l’extension de la durée de rétention de trois à sept jours pour familles avec mineurs. À l’exception de déi Lénk, très critique sur ce point, tous les autres partis ont soutenu l’initiative du gouvernement. Une motion pour évaluer de près l’exécution de la procédure a été adoptée, histoire de calmer les critiques venues de l’extérieur.

« Tapis rouge pour les riches, vol charter pour les pauvres »

Les manifestants qui s’étaient donné rendez-vous mercredi après-midi devant la Chambre des députés ont donné le ton d’un débat qui s’est finalement déroulé sans véritable coup d’éclat. Mais le paquet législatif sur la migration soumis au vote des députés a été bâti autour d’une fragile frontière. «Un droit de séjour = 500 000 euros», pouvait-on ainsi lire sur une des pancartes visibles devant l’entrée du Parlement.

Très peu de députés se sont néanmoins laissé influencer par cette action. Le paquet législatif, qui concerne la migration aussi bien légale qu’illégale, a finalement été adopté à une très large majorité. Seul déi Lénk a souligné que ce texte instituait une inégalité. « Tapis rouge pour les riches, vol charter pour les pauvres », résumera le député David Wagner pour évoquer le double caractère du texte.

D’un côté, il met en place des «visas pour les personnes fortunées», comme indiqué mercredi soir dans une dépêche diffusé par l’Agence France-Presse (AFP). À condition de déposer un gros montant sur la table tout en créant de l’emploi au Luxembourg, des investisseurs étrangers peuvent désormais plus facilement bénéficier d’un titre de séjour au Luxembourg. Il en va de même pour des travailleurs hautement qualifiés en provenance d’États tiers à l’Union européenne.

Une durée de rétention moyenne de 50 heures

Ce volet n’a pas été contesté mercredi lors du débat à la Chambre, à l’exception encore une fois de déi Lénk. « On crée une nouvelle fois des solutions sur mesure pour les ultra-riches, alors que les plus pauvres sont laissés pour compte », a fustigé David Wagner.

Toutes les références des autres orateurs, mercredi, pour souligner l’importance de cette migration légale pour le développement économique du pays n’ont pas eu le don de calmer le député déi Lénk. En cause : le deuxième volet du texte voté mercredi.

Très discuté depuis le début de la semaine, le paquet adopté mercredi comprend en effet aussi l’augmentation de la durée de rétention pour les familles avec des enfants dont la demande d’asile a été refusée. Pour des raisons d’ordre organisationnel, le gouvernement a décidé de faire passer cette durée de rétention de trois à sept jours.

Épinglé par le Conseil de l’Europe et le collectif Réfugiés, le ministre de l’Immigration, Jean Asselborn, s’est une nouvelle fois justifié mercredi. « Je ne suis pas masochiste. Notre volonté reste de limiter la durée de rétention à son minimum », a déclaré Jean Asselborn. Déjà la veille, il avait insisté dans nos colonnes sur le caractère exceptionnel de cette mesure, pourtant jugée nécessaire. Aussi bien les partis de la majorité, y compris déi gréng, que le CSV et l’ADR, du côté de l’opposition, ont validé cette extension de la durée de rétention pour familles déboutées.

« Nous adressons cependant un appel au ministre  : que tout soit fait pour que les mineurs ne puissent pas être retenus plus de trois jours », a lancé Laurent Mosar au nom du CSV. Une motion de Marc Angel (LSAP) allant également dans ce sens et visant à vérifier l’exécution de la procédure au Centre de rétention a d’ailleurs été adoptée avec une large majorité hier.

La Chambre restera donc vigilante pour s’assurer que les chiffres actuels, avec une durée de rétention qui n’a pas dépassé les 50 heures sur ces trois dernières années, continuent à rester de mise.

David Marques

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