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Pollution des cours d’eau : la nécessité d’une «culture de sécurité»


Le 13 septembre, un incident à la station d'épuration de Luxembourg-Beggen a provoqué un désastre écologique : le déversement accidentel de 20 000 m3 d'eaux usées dans l'Alzette et cela, durant 20 heures. (illustration Alain Rischard)

À la suite des récents incidents environnementaux ayant entraîné la pollution de trois cours d’eau (Chiers, Alzette, Sûre), les députés ont débattu les mesures de sécurité à prendre. Un plan d’action est annoncé par le gouvernement.

Incendie sur le site de l’entreprise Kronospan (31 juillet), incident à la station d’épuration de Luxembourg-Beggen (13 septembre), problème technique survenu sur le chantier d’un nouveau bassin d’orage à Bettembourg (17 septembre) et incendie sur le site de l’usine d’Euro-Composites à Echternach (1er octobre) : la succession de ces quatre catastrophes écologiques, survenues en l’espace de quelques semaines, fait inévitablement figure de goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

«Comment cela peut-il se produire dans un pays aussi riche ?», se sont amèrement interrogés différents députés, toutes couleurs politiques confondues.

Quid du digital dans les stations d’épuration ?

«Des groupes de travail ont depuis étaient mis en place pour garantir que de tels incidents ne se reproduisent plus… Pourquoi maintenant, alors que la Commission européenne a par le passé déjà pointé le Luxembourg du doigt pour ses cours d’eau régulièrement pollués ? Il faut qu’un accident se produise pour qu’on en parle !», s’est notamment insurgé le libéral Gusty Graas.

Pour le chrétien-social Aly Kaes, l’ensemble des zones industrielles du pays doivent être placées sous surveillance permanente et faire l’objet de travaux de maintenance continus, tandis que les stations d’épuration devraient être dotées de doubles systèmes d’alerte, en outre déclenchables 24 h/24 et 7j/7. La nécessité de mettre en place deux niveaux de sécurité au sein des stations d’épuration a également été revendiquée par le parlementaire écolo François Benoy, lequel a encore jugé que «le Luxembourg a droit à des eaux de bonne qualité».

Le député pirate Marc Goergen a, quant à lui, très justement fait remarquer que l’absence de généralisation de ce genre de système d’alerte permanent, à l’ère digitale, était pour le moins surprenante. Un constat partagé par Gusty Graas, lequel estime que «le fonctionnement mécanique des stations d’épuration ne suffit plus».

Sanctionner plus durement les fautifs

Même son de cloche du côté de Franz Fayot (LSAP) qui a déploré le fait que «la protection des eaux n’est pas assurée» et que «la mauvaise qualité des eaux n’évoluera pas dans le bon sens, en l’absence d’une culture de sécurité forcément nécessaire». Dans son intervention, le président du Parti socialiste a également appelé le gouvernement «à mobiliser des moyens financiers en amont, et non pas promettre une quelconque compensation financière après qu’un dommage environnemental se s’est produit».

L’ADR, pour sa part, a évoqué, par la voix de son député Fernand Kartheiser, le besoin d’«équipements optimaux à destination des membres du CGDIS». Le parlementaire a aussi appelé à la réalisation de travaux scientifiques afin de dresser un inventaire relatif aux conséquences – à plus long terme – de ce type de pollution.

Déi Lénk et son député David Wagner ont quant à eux qualifié d’«effrayant» le fait que des pannes du genre puissent se produire dans «un pays riche et développé comme le Luxembourg.» Avant, pour ce dernier, de se payer le gouvernement qui, selon lui, «ne sanctionne pas assez durement les entreprises fautives ou ne peut les sanctionner comme il se devrait», tout en déclarant que celles-ci «n’ont pas peur des sanctions.» En guise de conclusion, David Wagner a jugé «un peu déprimante l’implantation au pays des entreprises Google et Fage, car elles pourraient être à l’origine de catastrophes écologiques», avant de souhaiter que le futur ministre de l’Économie (Étienne Schneider n’ira pas au terme de la législature actuelle) ait «davantage d’empathie pour la cause environnementale».

Claude Damiani