Après le scandale de l’an dernier, les coureurs en fauteuil roulant peuvent s’inscrire cette année. Mais le parcours «bis» ne contente pas tout le monde.
L’an dernier, le refus de prendre en compte les inscriptions des coureurs en fauteuil avait déclenché l’indignation générale.
C’était il y a un an : l’ING Night Marathon refusait l’inscription aux coureurs en fauteuil roulant. Scandale. Plusieurs coureurs handicapés, qui avaient participé à d’autres marathons à travers le monde, s’étaient indignés d’une telle mesure. Une question de sécurité sur un parcours trop sinueux, avait plaidé l’organisation. Il est vrai qu’ING ouvre son marathon aux fauteuils roulants dans d’autres capitales moins historiques, donc aux rues plus larges, comme à New York. Mais peu importe! L’exclusion quand même et au final… près de 15 000 participants et pas un fauteuil roulant le soir sur la ligne de départ. Quelle déception!
Un an après, où en est-on ? Sous la pression populaire, l’organisation de l’ING Night Marathon avait promis des aménagements pour 2017. On y arrive, la course se tiendra le 27 mai. Bonne nouvelle : une vraie politique d’aménagement du parcours a été pensée cette année, avec plusieurs réunions en amont et même une expertise commandée. Mauvaise nouvelle : le parcours «bis» proposé ne satisfait pas toutes les associations de handicapés.
«Il n’y a pas de démarche inclusive»
La plus symbolique d’entre elles, Info-Handicap, estime que les efforts fournis sont loin d’être suffisants. «L’organisation propose un parcours différent avec un départ différé, explique Raymond Remakel, qui suit le dossier chez Info-Handicap. Il n’y a donc pas de démarche inclusive : les handicapés vont courir sur un parcours à part, loin de la ferveur de l’évènement. Bref, ils sont exclus.»
Concrètement, l’organisation a prévu une boucle de 4 km qui partirait du Glacis en passant par le Limpertsberg pour revenir au Glacis. L’idée est de faire deux tours, donc 8 km, en partant à 18 h 15. Les coureurs valides démarreront eux depuis Luxexpo au Kirchberg, à 19 h, pour un parcours traditionnel de 21 ou 42 km.
«Ça va être beau, nous serons 250, voire plus !»
On est loin de la bérézina de l’an dernier, où un départ différé de six heures avait été bricolé dans la panique. Schrëtt fir Schrëtt, autre ASBL engagée dans la course, affiche donc son contentement. «Il ne faut pas dire que c’est un petit évènement, lâche Tony Borges, qui court avec son fils en fauteuil. Au total, 250 participants pourraient faire cette course : ça va être beau, nous aurons un podium, et nous serons peut-être même 500 ou 1 000 après votre article!» Si seulement… Schrëtt fir Schrëtt estime que les efforts de la part des organisateurs de l’ING Night Marathon sont notables, «qu’il faut essayer comme ça, et voir après ce qu’on peut améliorer. Mais de nombreux coureurs en fauteuil sont contents de ce plan.»
Info-Handicap ne veut pas jouer les trouble-fêtes, mais entend rester ferme sur la lutte contre l’exclusion. «Qu’il y ait beaucoup de travaux en Ville, comme l’avance l’organisation, on l’entend, reprend Raymond Remakel. Nous sommes ouverts au débat. Mais nous avons été mis face au fait accompli, on nous a sorti un rapport d’experts sur le parcours en nous disant : « C’est comme ça. »»
L’expertise en question, commandée par l’organisation, aurait conclu qu’un parcours «bis» était la seule solution. «Dès le départ, la volonté n’était pas d’être inclusif, mais de voir où les fauteuils roulantsposaient des difficultés sur le parcours, observe Raymond Remakel. Ils sont même partis du principe que les fauteuils rouleraient jusqu’à 70 km/h! La question n’a jamais été : « Comment faire un parcours pour tous? »» L’association Schrëtt fir Schrëtt, elle, parle d’être inclusive dès cette année, «en incitant les handicapés à participer aussi à l’organisation de la course, que ce soit pour le ravitaillement ou l’animation… C’est ça aussi être inclus dans un évènement.» L’organisation du marathon, de son côté, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Hubert Gamelon