Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé ce lundi soir sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 en France. Il participera à la primaire du Parti socialiste. Il a précisé qu’il allait démissionner mardi de son poste de Premier ministre.
Le Premier ministre socialiste français Manuel Valls a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle de 2017 et sa démission de son poste.
« Je m’engage car je ne veux pas que la France revive le traumatisme de 2002 avec une extrême droite au second tour », a déclaré le chef du gouvernement, en précisant qu’il démissionnerait dès mardi pour se consacrer à sa campagne pour la primaire socialiste des 22 et 29 janvier.
« J’ai appris tellement de mes concitoyens, alors oui, je suis candidat à la présidence de la République, j’ai cette force en moi », a déclaré M. Valls sous les applaudissements. « Je veux me battre contre la droite (…) contre ses vieilles recettes des années 80 », a lancé le Premier ministre français, volontiers lyrique, derrière un pupitre flanqué du slogan « Faire gagner tout ce qui nous rassemble », devant un public métissé à Évry, commune dont il a été maire pendant plus de dix ans.
« Le sens de l’Etat me fait considérer que je ne peux plus être Premier ministre en étant candidat », a-t-il ajouté en annonçant qu’il démissionnerait mardi matin.
« En accord total avec le président de la République, je quitterai mes fonctions dès demain » mardi, a-t-il déclaré, disant sa « grande fierté » d’avoir travaillé avec François Hollande, qui a annoncé jeudi qu’il ne briguerait pas un second mandat présidentiel.
« Le temps est venu d’aller plus loin dans mon engagement » politique. « La gauche est grande et belle quand elle s’adresse à tous les Français », a-t-il encore clamé, ouvrant la main au rassemblement d’une gauche aujourd’hui éclatée, tout en reconnaissant qu’il avait pu, lui-même, avoir des paroles dures, dans une allusion à peine voilée à sa déclaration sur « les deux gauches irréconciliables ».
« Aujourd’hui, j’ai une responsabilité: rassembler », a dit M. Valls. « La primaire qui s’ouvre est un formidable moyen pour recréer l’unité », a-t-il affirmé, lançant un appel « à tous les Français qui refusent l’extrême droite, qui refusent la régression sociale que propose François Fillon » à participer à la primaire organisée par le Parti socialiste, les 22 et 29 janvier.
Manuel Valls avait recueilli à peine 5,6% des voix lors de la primaire de la gauche en 2011, avant de se voir propulsé Premier ministre le 31 mars 2014.
Le Quotidien
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Qui pour lui succéder à Matignon ? Avantage Cazeneuve et Le Foll
Parmi les noms circulant pour Matignon se trouvent ceux des ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Défense), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marisol Touraine (Santé), Michel Sapin (Finances) ou Najat Vallaud-Belkacem (Éducation). Le futur Premier ministre battra, avec un bail de cinq mois, le record du plus bref passage à Matignon, détenu par Édith Cresson avec dix mois entre 1991 et 1992.
Stéphane Le Foll a indiqué lundi matin qu’il ne dirait « pas non ». Un conseiller d’un poids lourd gouvernemental tablait dimanche sur Bernard Cazeneuve, ne voyant « pas d’alternative ». Une autre source gouvernementale ne voyait « que Cazeneuve ou Le Drian », avec un avantage au second qui pourrait plus facilement « cumuler » sa casquette actuelle avec Matignon.
Une primaire loin d’être gagnée pour Manuel Valls
Concernant la bataille de la primaire (22-29 janvier), le soutien de la majorité est loin d’être gagné pour Manuel Valls.
A l’issue d’un déjeuner autour de Stéphane Le Foll, les fidèles du chef de l’Etat ont fait savoir qu’il n’y aurait pas de soutien « automatique ».
La maire de Lille, Martine Aubry, a aussi déclaré qu’il n’était « pas évident » qu’elle soutienne la candidature de Manuel Valls.
Sa liberté retrouvée, Manuel Valls s’attellera à entrer dans ses habits de candidat, avec le souci sans doute de continuer d’atténuer les aspects les plus clivants de son discours, et d’obtenir de nouveaux ralliements.
Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a promis lundi d’être « impartial », lui a conseillé « d’être sur une position nouvelle de rassemblement ».
Pour Manuel Valls, dont les prises de position hostiles aux 35 heures ou à l’ISF (impôt sur la fortune) ne manqueront pas d’être exhumées, la partie sera même « difficile », pronostique Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean-Jaurès (proche du PS).
« Ce qu’on peut reprocher à Manuel Valls, c’est d’avoir théorisé les gauches irréconciliables. » Il lui sera donc « très difficile de rassembler l’ensemble des gauches », a jugé l’un de ses ex-ministres et concurrent, Arnaud Montebourg.
De son côté, la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann a lancé un appel à l’unité à Arnaud Montebourg et à Benoît Hamon.