Accueil | A la Une | Macron : traiter « le problème de la fin du monde » et les « problèmes de fin du mois » d’un même front

Macron : traiter « le problème de la fin du monde » et les « problèmes de fin du mois » d’un même front


Le président français s'est exprimé ce mardi sur le mouvement des gilets jaunes, qu'il a remis dans un cadre plus vaste d'une transition énergétique nécessaire... mais aussi d'un changement de contrat social à définir (Photo d'archives : AFP).

Le président français s’est exprimé ce mardi sur la feuille de route écologique du gouvernement, en plein mouvement des gilets jaunes, dans l’objectif de faire preuve de pédagogie face aux enjeux globaux. Trois points à retenir :

1) « Cesser d’utiliser le pétrole, le charbon et le gaz naturel » en une génération (30 ans) est une nécessité absolue.

2) Le défi de la production d’électricité devient alors central, tant au niveau de la mobilité que de l’énergie des entreprises.

3) Le défi de l’accompagnement des classes les plus fragiles vers la transition demande un « contrat social du siècle nouveau ».

Pour des questions d’engagement climatique comme d’indépendance énergétique vis-à-vis de pays comme la Russie, l’Arabie Saoudite ou l’Iran, Emmanuel Macron a redit ce mardi que le changement de cap écologique est « indispensable pour le pays » tout en « construisant des solutions acceptables pour chacun ».

Énergie renouvelable et nucléaire

L’idée de basculer sur une production d’énergie verte (principalement électrique, même si la chaleur thermique a été évoquée) a été expliquée de façon claire : tripler la production d’énergie éolienne d’ici 2030, multiplier le photovoltaïque par cinq et continuer à miser sur l’énergie nucléaire « décarbonnée », même s’il s’agit de rabaisser la part de l’atome à 50% du mixte énergétique, contre plus de 80% aujourd’hui. « 14 réacteurs nucléaires seront fermés en France d’ici 2035, a expliqué Emmanuel Macron, en commençant en 2020 par Fessenheim (Alsace). »

Les sites visés seront annoncés ces prochains mois, tout en sachant qu’il ne s’agit pas de fermer « complètement des centrales », a précisé le président, mais bien de réduire la part du nucléaire. « Ce scénario sera d’autant plus ambitieux que la technologie de stockage de l’électricité sera développée.» Emmanuel Macron pointe la dépendance aux pays asiatiques dans la production de batteries, auquel il faut apporter une réponse « européenne ou au moins franco-allemande… il faut porter des choix européens clairs ».

Gilets jaunes : adapter les taxes carburants aux envolées des cours

Face à la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron estime qu’on ne peut plus « traiter le problème de la fin du monde sans parler des problèmes de la fin du mois », qui se pose à toute une partie de la population. Le président français, pour une « réponse collective » à la transition environnementale, souhaite un « contrat social du siècle nouveau ». Une méthodologie que le gouvernement va expliquer « dans les trois prochains mois », avec des mesures concrètes d’accompagnement des zones péri-urbaines, des habitants qui y vivent et qui sont dépendants notamment de la hausse des carburants. Le président a déjà annoncé, dans une forme de mea culpa, vouloir rendre « plus intelligente cette taxe aveugle et prendre rendez-vous tous les trimestres pour adapter les hausses des taxes aux envolées éventuelles des cours du pétrole. »

Emmanuel Macron en appelle à un esprit de responsabilité collective et d’efforts de pédagogie pour « transformer les colères en solutions ».

Hubert Gamelon