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Le chef de l’Eurogroupe dans la tourmente après des propos polémiques sur les pays du Sud


Jeroen Dijsselbloem avait estimé que les pays du Sud dépensent tout leur argent dans "le schnaps et les femmes" et réclament ensuite l'aide des pays du Nord. (photo AFP)

Après des propos jugés désobligeants envers les pays du Sud de l’Europe, le président socialiste de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem se retrouve en pleine tourmente. L’ancien chef du gouvernement italien et le Premier ministre portugais ont appelé mercredi à sa démission.

« Jeroen Dijsselbloem a perdu une excellente occasion de se taire. Dans une interview à un quotidien allemand, il s’est laissé aller à des réflexions stupides, je ne trouve pas de meilleur terme, contre les pays du Sud à commencer par l’Italie et l’Espagne », écrit sur son compte Facebook Matteo Renzi. « Je pense que des gens comme Dijsselbloem, qui pourtant appartient au Parti socialiste européen même s’il ne s’en est pas rendu compte, ne mérite pas d’occuper son poste. Et le plus tôt il démissionnera, le mieux cela sera. »

Le Premier ministre socialiste du Portugal Antonio Costa a lui réclamé mercredi avec insistance la démission de Jeroen Dijsselbloem, l’accusant d’avoir tenu des propos « racistes » et « xénophobes ». « L’Europe sera seulement crédible avec un projet commun le jour où M. Dijsselbloem ne sera plus président de l’Eurogroupe et où il y aura des excuses claires à l’égard des pays et peuples qui ont été profondément offensés par ces déclarations », a-t-il lancé en marge d’une conférence consacrée au football à Estoril. « Dans une Europe sérieuse, M. Dijsselbloem serait déjà viré. Il est inacceptable qu’une personne qui a un comportement comme cela et qui a une vision raciste, xénophobe et sexiste sur une partie des pays européens puisse présider une organisation comme l’Eurogroupe », s’est encore emporté Antonio Costa estimant que « M. Dijsselbloem a choqué, il a déshonoré toute l’Europe et il montre qu’il n’est fait pour aucun poste au sein des institutions européennes ».

Ils dépensent tout dans « le schnaps et les femmes »

Dans un long entretien paru lundi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Jeroen Dijsselbloem avait affirmé que « dans la crise de l’euro, les pays du nord de la zone euro se sont montrés solidaires des pays en crise ». Avant d’ajouter : « Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps et les femmes et ensuite réclamer leur soutien ».

Des propos qui avaient fait bondir des élus espagnols du parlement européen comme l’écologiste espagnol Ernest Urtasun, qui les a jugés « regrettables », ou encore le représentant de la droite Ernest Urtasun qui a lui estimé que Dijsselbloem avait perdu sa « neutralité » et sa « crédibilité ». « Je n’aurais pas dit ça, je pense qu’il a tort », a affirmé de son côté à Bruxelles la commissaire européenne à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager.

L’intéresse, qui a refusé de présenter les excuses que lui demandait un eurodéputé, perdra dans les prochains mois son poste de ministre des Finances après la déroute historique de son parti, le parti travailliste, aux dernières législatives aux Pays-Bas. Son mandat à la tête de l’Eurogroupe court toutefois jusqu’au 1er janvier 2018.

Le Quotidien/AFP