Ça y est, l’ascenseur du Pfaffenthal fonctionne. La Ville peut souffler : les premiers trajets effectués vendredi soir signent la fin d’une immense – et coûteuse – galère. Au Pfaffenthal de profiter de cette ouverture spectaculaire vers la Ville-Haute.
À l’origine, le chantier aurait dû être lancé en 2008 pour s’achever au printemps 2012… Après un retard de quatre années et une surcharge de trois millions d’euros, l’ascenseur est enfin en service.
Des chantiers, on ne sait qu’une chose : la date où ils commencent. Pour l’ascenseur du Pfaffenthal, ce coup d’envoi a été le début d’une poisse incroyable. En clair, ça a été le catalogue de tous les coups tordus… Dès le 10 décembre 2009, la Ville s’est rapidement rendu compte que cela allait être compliqué. Les retards s’accumulent d’entrée et l’entreprise qui a eu la charge des travaux de terrassement et de stabilisation du canyon percé dans la roche, au pied de la falaise fait faillite deux ans plus tard. En 2011, les travaux sont à l’arrêt. Ils ne reprendront qu’en 2012 après que la commission d’adjudication a permis à la Ville de rompre le contrat.
«Une nouvelle attraction touristique»
Mais une fois les travaux relancés, on s’est rendu compte que la composition de la roche n’était pas celle qui était attendue. Celle-ci est beaucoup plus friable et fracturée que les études géologiques avaient laissé imaginer. Du coup, les solutions techniques choisies au début se sont avérées déficientes. Au final, il a été nécessaire de projeter du béton sur toute la base du canyon pour le solidifier.
Aujourd’hui, la bourgmestre, Lydie Polfer, assure avoir «tout oublié » de cette période. Il n’est pas certain que ce soit totalement vrai, mais on peut aussi comprendre son envie de laisser le paquet de soucis là où il est, loin derrière elle. Car cet ascenseur n’en reste pas moins une prouesse architecturale et se pose parmi les éléments remarquables de la capitale.
Œuvre du bureau d’architectes luxembourgeois Steinmetzdemeyer, son profil élancé et sa visibilité assumée en font un nouveau marqueur dans le paysage urbain. Lydie Polfer en est d’ailleurs persuadée, « avec sa cabine qui offrira une vue panoramique, il s’agit d’une nouvelle attraction touristique pour la Ville ». Un détail qui n’en est pas un pour les personnes sujettes au vertige : le fond de l’ascenseur (côté paroi) est recouvert de parois opaques. On n’est donc pas obligés de s’infliger la vue pendant les 60 mètres de la descente si on ne le souhaite pas!
Depuis le Pfaffenthal, l’arrivée dans l’ascenseur se fait via la rue du Pont, un cul de sac. Au pied de la tour, on trouve notamment une nouvelle station de 15 Vel’oh!, des sanitaires, un abri en verre et acier, ainsi que le local technique qui abrite la nacelle de secours toujours prête à venir évacuer la cabine en cas de pépin. Dans la Ville-Haute, l’ascenseur donne sur une passerelle couverte longue de 75 mètres qui s’ouvre sur le parc Pescatore.
Des connexions avec les chemins qui parcourent l’espace ont été aménagées. Pour les vélos, une piste cyclable en site propre a été créée. D’ici à l’été 2017, on pourra même rejoindre directement l’avenue Robert-Schumann via une toute nouvelle passerelle en porte-à-faux.
En attendant, ce sera la fête tout le week-end autour de l’ascenseur. Blues’n Jazz Rallye, concerts… le coin sera animé! La fête est d’autant plus belle qu’on l’a longtemps attendue.
Erwan Nonet
L’ascenseur du Pfaffenthal en chiffres
2,5
En mètres par seconde, la vitesse de l’ascenseur.
7
Le nombre d’années qu’il a fallu pour construire l’ascenseur. C’est quatre de plus que prévu.
7,5
En millions d’euros, le coût de l’ascenseur. Il dépasse les estimations initiales d’environ trois millions d’euros. Le conseiller communal CSV André Bauer ironise sur la possibilité que cet ascenseur soit « peut-être le plus cher du monde ».
30
En secondes, la durée d’un trajet.
66
Le nombre de personnes qui peuvent emprunter la cabine (5 000 kg). Cela correspond aussi à 10-12 personnes et à 5-6 cyclistes. C’est deux fois plus que l’ascenseur qui relie le Grund au plateau Saint-Esprit.
153
En secondes, le temps maximum d’attente.
8 500
Le poids, en kilos, de la cabine.
Cela fonctionne mieux que l’ascenseur sociale !