Le gouvernement s’apprête à lancer au mois d’octobre prochain son programme d’éducation plurilingue dans les crèches. La phase pilote qui a couru d’avril à décembre dernier, n’a eu que des échos positifs mais pour autant cette initiative ne semble pas plaire à tout le monde.
La pétition 785 intitulée « NON à l’initiation au français à la crèche et au cycle 1 et NON à l’apprentissage du français oral au premier trimestre du cycle 2.1 » vient d’atteindre les 4 000 signatures et pourrait donc atteindre les 4 500 nécessaires pour faire l’objet d’un débat à la chambre des députés. Publiée le 13 mars dernier, la pétition milite pour « renforcer le rôle de la langue luxembourgeoise dans les crèches et au cycle 1 pour permettre aux élèves de pouvoir se baser sur une langue principale pour leurs apprentissages linguistiques futurs au cycle 2 ». La pétition sera disponible jusqu’au 24 avril.
Selon Jacques Dahm, son auteur, le principal problème résulte ici « du fait que la majorité des enfants ne maîtrise pas leur langue maternelle à 100% ». Ajouter une langue supplémentaire apparaîtrait ici comme un frein à l’apprentissage de la langue de Michel Rodange. Alors qu’il regrette les carences de certains enfants en ce qui concerne leurs connaissances en luxembourgeois, ce pétitionnaire estime qu’un enfant a besoin avant tout d’une base solide dans sa langue maternelle avant de commencer à apprendre une autre langue.
Des résultats pourtant concluants
Malgré le scepticisme de certains, les témoignages des principaux intéressés, à savoir les responsables de trois des huit crèches sélectionnées pour tester cette mesure, ont tous des conclusions positives sur ce nouveau programme. Selon le gouvernement celui-ci pourrait permettre une meilleure régulation des pratiques linguistiques dans les différentes crèches du pays.
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Pour le ministère, le projet d’éducation plurilingue dans les crèches permettra également d’intégrer de façon précoce tous les enfants, quelle que soit leur langue, dans le système scolaire luxembourgeois. Dans un communiqué publié il y a quelques semaines le ministère avait d’ailleurs déclaré que « les enfants luxembourgeois tireront avantage d’une mise en contact ludique avec le français et découvriront donc plus tôt le plaisir de communiquer dans cette langue. Tous seront ainsi mieux préparés à leur scolarisation. »
Une nouvelle fois, la place de la langue luxembourgeoise semble être au cœur des débats, et vu le succès de la pétition évoquée ici, il y a fort à penser que ce nouveau programme face encore parler de lui dans les prochaines semaines. Reste à savoir maintenant si les détracteurs de cette mesure sont tous animés par l’honorable volonté de développer les capacités linguistiques des enfants du pays, ou si tout simplement, l’apprentissage du français de manière plus globale leur pose un problème.
M.R.