La messe est dite, la cabane est tombée sur le chien. Dans deux semaines, les lignes transfrontalières 302 et 303, trop onéreuses, cesseront de circuler. Après dix-huit mois de combat, le collectif d’usagers CUBt regrette les dégâts.
« On a quand même le sentiment d’avoir été trimballé », affirme l’un des porte-parole du collectif des usagers des bus transfrontaliers (CUBt).
À la veille, ou presque, de la fin d’activité annoncée des lignes transfrontalières vers le Luxembourg 302 (via Hettange-Grande et Frisange) et 303 (Via Mondorff), le sentiment que le service par à vau-l’eau est très net : « Il y a des retards, plus de 30 mn parfois, des bus qui ne circulent pas, etc. On sent clairement le laisser-aller, même si chacun nous assure le contraire. Un peu comme si c’était déjà fini. »
La dernière entrevue des responsables du collectif avec Jean-Marie Mizzon a débouché sur l’évocation « de la mise en place d’un service dégradé pour les mois de septembre, octobre, novembre et décembre. De quoi attendre localement des initiatives luxembourgeoises et/ou le résultat d’études en cours au niveau de la Région Grand-Est… Sans garantie aucune », lâche, dubitatif, le même porte-parole.
Un doute notamment nourri par les propos alarmistes entendus auprès des responsables du Smitu (Syndicat mixte des transports urbains Thionville Fensch, NDLR) et de TransFensch : « Pourquoi ne pas avoir mis en place ce service dégradé avant : cela aurait pu permettre de tenir plus longtemps, d’envisager d’autres solutions avec les Luxembourgeois, la région Grand-Est. Aujourd’hui, on nous dit que l’on manque de temps. On nous parle de grosses difficultés de trésorerie, de risque de mise sous tutelle… Du coup, on voit mal comment les 140 000 € nécessaires à la mise en place de ce service dégradé seront réunis. »
Au terme de dix-huit mois de combat, de consultations, de démarches auprès des différents acteurs des transports et autorités de tutelle, les animateurs du CUBt sont las. Heureux d’avoir permis sans doute de « prolonger la vie de ces lignes que l’on donnait pour mortes dès l’an dernier », d’avoir « suscité le débat, sinon fait bouger les lignes, autour de cette problématique » et en même temps consternés de constater que rien n’a bougé au fond, malgré l’urgence.
« Rien qu’au sein du CUBt, nous regroupons quelque 200 usagers qui demain seront dans leur voiture et renforceront encore les bouchons que tout le monde déplore. Certains nous ont affirmé que la fin de ces lignes pourrait être synonyme de perte d’emploi pour eux, car ils n’ont pas d’autre solution… Sans parler de ceux qui ont investi sur le trajet de ces lignes, en intégrant à leur réflexion la question de la mobilité. »
« Réflexion », c’est justement le terme qui revient le plus souvent dans la bouche des porte-parole du CUBt, pour souligner son manque cruel selon eux : « Entre Luxembourg et Allemagne, il y a sept lignes de bus alors que seuls 40 000 Allemands passent la frontière quotidiennement. Entre France et Luxembourg, il n’y en a que deux. Pour deux fois plus de frontaliers. Chercher l’erreur… »
Seul rayon de soleil dans le ciel des usagers de ces lignes, l’hypothèse d’une reprise partielle du service par une ligne luxembourgeoise : « On nous a parlé de la ligne 226 qui pourrait être re-routée de la France, vers le ban de Gasperich via Hespérange. » Mince espoir, même si, souligne encore une autre porte-parole : « C’est quand même du côté luxembourgeois que nous avons eu le plus le sentiment d’être écoutés. »
Bien conscients que le dossier des lignes 302 et 303 est à des années-lumière de résumer à lui seul la question des mobilités frontalières vers le Luxembourg, les usagers du CUBt voient pourtant dans la manière dont leurs problématiques ont été traitées un symptôme inquiétant : « L’idée, c’est, un peu comme les mômes : tant que ça marche, ça marche. On ne cherche pas à comprendre. Et puis une fois que c’est cassé… Parce que les perspectives qui sont tracées aujourd’hui ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux, de mobilité et pour la vitalité du territoire. À quelques semaines des législatives, cela devrait interpeller. »
La perche est lancée.
Hervé Boggio (Le Républicain lorrain)
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