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Enfin du poulet luxembourgeois !


Bob Kaes, Martin Losch, Tom Jungblut et Marc Dentzer sont les quatre producteurs de Lëtzebuerger Poulet. (photo Lëtzebuerger Poulet)

Quatre producteurs de poulets se sont associés sous la bannière « Lëtzebuerger Poulet » pour mutualiser leurs efforts et mettre sur le marché des poulets de grande qualité. Tom Jungblut, de Contern, est l’un d’entre eux.

Depuis quelques temps déjà, Le Quotidien suit les aléas qui jalonnent le projet d’un agriculteur d’Ehlange-sur-Mess (Laurent Raus) qui a toutes les peines du monde à obtenir les autorisations de bâtir les poulaillers qui lui permettraient de rejoindre une initiative du grossiste La Provençale et des supermarchés Cactus. Ces distributeurs se lamentent en effet de ne pas pouvoir mettre sur le marché de la volaille luxembourgeoise et d’être contraints de se rabattre sur des élevages à l’étranger pour satisfaire leur clientèle.

Ce plan, Tom Jungblut voulait en faire partie. «Au Luxembourg, on est performants sur les œufs, mais pas sur la viande, alors qu’il s’agit d’un marché en pleine croissance», soutient-il. Mais il s’est rendu compte que, lui aussi, risquait de se retrouver face à un mur administratif. «J’ai l’impression que l’on serait ravi qu’ArcelorMittal construise une nouvelle usine, alors que l’on estime que des poulaillers semblent risquer de causer de graves pollutions…, sourit-il, un peu amer. On a toujours l’image de la ferme des livres d’enfants avec un tas de foin devant la porte, cinq vaches, trois chèvres et huit poules. Mais, évidemment, cela ne fonctionne plus comme cela.»

Comprenant que cette affaire était mal embarquée, il décide de changer son fusil d’épaule. Avec trois autres agriculteurs (Marc Dentzer – également propriétaire des restaurants A Guddesch, Gudd Dikrich et Guddelicious – de Beringen, Martin Losch de Cruchten et Bob Kaes de Bastendorf), ils décident de mettre sur pied un réseau de taille plus modeste. En janvier 2016, ils débutent avec trois étables et aujourd’hui, avec l’arrivée d’un cinquième partenaire, ils en comptent six.

Uniquement nourris de céréales sans OGM

Compte tenu des coûts de production inhérents au Grand-Duché, ils n’ont pas d’autre choix que de miser sur la qualité. «Un poulet industriel engraissé est tué à 29 jours, les nôtres le sont au 56e», explique Tom Jungblut. De fait, ce sont de belles bêtes : «Entre 1,7 et 1,9 kg, c’est beaucoup.» Les poulets ne sont nourris que de céréales sans OGM produites par Piet van Luijk, le seul fermier luxembourgeois à les exclure de sa production.

Sur le plan sanitaire, «les poulets reçoivent uniquement les vaccins obligatoires à leur naissance et ils ne sont pas traités par antibiotiques, poursuit Tom Jungblut. La densité est suffisamment faible pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en faire plus.» D’ailleurs, tout contact avec d’autres animaux susceptibles de les contaminer est exclu. Des systèmes sont installés pour que les rongeurs ne puissent pas pénétrer dans le poulailler et des filets les protègent des autres oiseaux.

Par souci de transparence, c’est un vétérinaire indépendant qui est chargé des vérifications d’usage sur les questions d’hygiène et de bien-être animal. «Il réalise les analyses pour la salmonellose avant le départ des poulets à l’abattoir (NDLR : à Bertrix, en Belgique), contrôle les points de vente…»

Pour la distribution, les agriculteurs ont mis en place une rotation qui permet de livrer des poulets toutes les deux ou trois semaines. Les volailles peuvent être retirées dans neuf points de vente, dont les fermes où elles sont produites (lire par ailleurs). «Puisque la production reste limitée à 300 poulets par livraison, il est préférable de les réserver, car il n’y en a pas toujours pour tout le monde», prévient Tom Jungblut. Les prochains poulets seront disponibles les 3 et 17 février et le 3 mars.

Les lieux de vente et dates de mise sur le marché sont publiés sur le site poulet.lu et sur la page Facebook Lëtzebuerger Poulet.

Erwan Nonet

Élargir le réseau dans le Sud

Les quatre agriculteurs mettent l’accent sur la vente directe, mais ils savent bien qu’ils ne peuvent pas non plus se satisfaire de quatre ou cinq adresses pour répondre aux demandes d’une clientèle qui s’élargit. Alors, ces derniers temps, ils se sont associés (notamment avec des boucheries) pour élargir leur assise dans le pays.

Mais ce réseau reste encore insuffisant à leurs yeux. «Nous voudrions trouver de nouveaux partenaires pour la revente, surtout dans le sud du pays, souligne Tom Jungblut. Nous distribuons nous-mêmes nos poulets en camionnette frigorifique.»