[Coupe de Luxembourg] Et à la fin, c’est encore le Fola qui gagne

Quasiment irréprochable défensivement, plein de virtuosité offensive, le Fola file vers les huitièmes, lui qui s’était si souvent laissé piéger ces dernières années, quand le tirage au sort n’était pas clément avec lui…

Pendant vingt minutes, le Fola n’a rien produit d’autre que des fautes (quatre) mais on s’imagine bien dans la tête de Carlos Fangueiro et des joueurs pétangeois, qui, tout en monopolisant le ballon de manière assez insolente, devaient guetter avec une certaine anxiété ce moment où le Fola parviendrait à leur rappeler qu’il est un monstre à sang froid.

Et puis l’instant est venu. Un bout de pied insignifiant de Corral qui traîne sur une relance un peu trop laxiste de Schneider et un ballon qui atterrit dans les pieds d’un homme à qui il ne vaut mieux pas le laisser quand il a du temps, de l’espace et un intervalle évident : Sinani. La passe a pris immédiatement la profondeur, vers Seydi, mais l’avant-centre n’est pas parti dans le même timing et il a tranquillement repris sa position, tête baissée. Côté eschois, personne n’a rien dit. Ni eux ni qui que ce soit d’autre n’avait finalement besoin de ce non-évènement pour se rappeler ce que le club eschois a fait, ces dernières semaines, au Titus à l’aller, mais aussi au Progrès ou au F91, à qui il a abandonné le ballon pour mieux les battre avec un cynisme de tueur à gages.

De fait, après ce petit moment qui n’a même pas eu le temps se transformer en frayeur, le Fola ne s’est pas senti plus obligé de commencer à faire le jeu qu’auparavant. Il ne s’est même contenté que de deux jaillissements supplémentaires. Un dédoublement Sacras-Bensi côté gauche, un appui plein axe sur Sinani pour une accélération de Corral côté droit en bout de chaîne. Palha veille au grain (22e). Dix minutes plus tard, une immense ouverture va se transformer en bijou. Seydi élimine Schneider à l’épaule, passe du bout du pied un sombrero qui monte haut à Hauguel et reprend du gauche, de volée (0-1, 32e). On a beau se douter que cela peut arriver à tout moment avec cette équipe, on arrive encore à se laisser surprendre par la soudaineté de la chose et la classe collective et individuelle.

Y avait-il hors-jeu ?

Parce qu’après dix nouvelles minutes de stérilité pétangeoise, les Eschois vont remettre un énorme coup de feu d’artifice. En contre, Bensi lance Sinani côté droit. Son centre va être coupé par Seydi au premier poteau mais il laisse filer entre ses jambes pour Corral, qui arrive seul pour reprendre. Palha parvient à contrer le tir mais Bensi a suivi, derrière, pour crucifier le portier pétangeois de volée (0-2, 44e). Quatre tirs, deux buts, de l’or en barre.

Pour perturber cette sérénité absolue, il faut un grand Titus. Cela sous-entend une certaine maturité autant qu’une capacité à se rebeller. Et à y mettre utilement les moyens qu’il faut pour renverser une situation très mal embarquée. De ce point de vue, la deuxième période va apporter la preuve que la jeune génération pétangeoise est sur le bon chemin mais pas encore assez outillée pour maintenir pendant 45 minutes une pression comme celle qu’elle va imposer lors du premier quart d’heure, au retour des vestiaires. Enfin dans l’intensité et dans le registre de l’agression, le leader se rue à l’attaque et à la 55e, Soladio surgit plein axe sur un centre de Hamzaoui. Son plat du pied est raté, mais au deuxième poteau, Abreu est là pour pousser au fond (1-2). Il faudrait profiter encore un peu plus du temps fort mais sur une tête de Mokrani, la parade de Hym empêche Pétange de revenir à hauteur autant que le hors-jeu ambigu signalé par l’arbitre de touche. Le Fola a gagné : Pétange est éliminé !

Julien Mollereau