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Camille Gira, philosophie de vie


Dans le documentaire À Bure pour l'éternité, réalisé en 2016 en Lorraine, Camille Gira donnait sa vision d'une société meilleure (Photo : capture d'écran).

Nous avons visionné un extrait vidéo précieux, extrait du documentaire À Bure pour l’éternité, réalisé en 2015 en Lorraine sur le thème du nucléaire. Où Camille Gira expliquait le sens des énergies vertes, et sa volonté d’une société plus solidaire.

Les réalisateurs Sébastien et Aymeric Bonetti se sont penchés sur la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Lorraine), en 2015. En contre-exemple au mythe d’une énergie infinie, celle de l’atome, les réalisateurs avaient choisi le modèle de Beckrich et son artisan, Camille Gira, décédé mercredi soir.

Souveraineté énergétique. Face caméra, Camille Gira se lance : « À Beckrich on ne s’arrête jamais ! Pour arriver un jour à l’autonomie énergétique, il faut miser sur toute la panoplie [alternative au charbon ou au nucléaire]. C’est pourquoi nous travaillons sur un parc éolien proche de Beckrich, à côté de la filière bois, des biogaz et de l’énergie solaire. » L’idée ? Ne pas importer son énergie de trop loin, produite dans des conditions souvent peu respectables pour l’environnement ou les salariés (monarchie pétrolière etc.) Et maîtriser la consommation énergétique, qui par définition, ne peut pas être infinie, à moins d’épuiser les ressources de la terre.

Maîtriser nous-même les besoins élémentaires de notre vie. »

Implication citoyenne. Puis Camille Gira poursuit sur l’idée d’implication citoyenne. Que ce soit pour réfléchir aux projets énergétiques, avec 70 citoyens intégrés dans un comité communal. Ou pour le financement de projet, dans l’idée de responsabiliser les gens dans leur consommation d’énergie. « Il faut initier les acteurs à ces thématiques, notamment les entreprises, en leur disant : prenez une part dans les projets énergétiques qui correspond à votre consommation. De façon virtuelle au moins, les acteurs économiques pourraient consommer leur propre électricité.  »

Solidarité. Camille Gira, c’était une vision de l’écologie liée à l’Homme et à l’aspect social. D’où le lancement d’une monnaie locale dans le canton de Redange, le Beki, en 2015. « C’est une philosophie qui rentre dans l’idée suivante : on veut garder le maximum de pouvoir d’achat dans un secteur local et régional, nous voulons maîtriser nous-même les besoins élémentaires de notre vie. La monnaie locale, c’est surtout un grand aspect de solidarité : plutôt acheté le pain un peu plus cher chez le boulanger du village que dans une multinationale, mais avec ça, garder la chance qu’il y ait des jeunes qui puissent se lancer dans l’apprentissage ici. Le Beki c’est entraînement pour plus de solidarité !  »

Hubert Gamelon

À Bure pour l’éternité, Zébras Films, 2015. 52 mn.