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Agriculture : les cultures maraîchères sous l’eau


L’ASBL travaille avec des personnes en réinsertion professionnelle. À Esch, ils sont dix-huit à s’occuper de la partie maraîchage. (Photos : alain rischard)

Le froid et les pluies de ces dernières semaines n’ont pas été sans conséquences sur la production de fruits et légumes. Illustration sur le terrain de l’Escher Geméisguart, à Esch-sur-Alzette.

Ce matin-là, le soleil brille sur les nouvelles plantations de l’Escher Geméisguart. Une parenthèse ensoleillée que les cultivateurs et maraîchers attendaient depuis longtemps. Car il faut dire que depuis plusieurs semaines, la météo n’est pas au rendez-vous.

Le froid nocturne et matinal, les pluies diluviennes et les inondations n’ont pas été sans impact sur les cultures. Ces effets, les encadrants du terrain maraîcher du Centre d’initiative et de gestion local d’Esch-sur-Alzette les ont bien observés. «Des températures de trois degrés à la mi-juin, ce n’est pas normal», regrette Mathieu Tassin, coordinateur et encadrant au CIGL.

Sur leur terrain de deux hectares sur lequel ils produisent chaque année près de 35 tonnes de fruits et légumes pour les écoles, les particuliers ou les grossistes, certaines espèces n’ont pas résisté aux aléas climatiques.

«Une partie des oignons a pris l’eau. Les salades et les choux ont également été envahis par les limaces. Elles sont, cette année, très nombreuses à cause de l’humidité», indique Lionel Lambinet, encadrant technique du maraîchage.

Des dégâts importants dont les pertes sont difficiles à estimer. «C’est encore trop tôt. Il y a peut-être d’autres cultures qui vont plus tard être impactées, comme celles qui nécessitent beaucoup de soleil. Mais on peut déjà dire que 80 % de notre production de fraises a été endommagée par le temps», ajoute Mathieu Tassin.

Une situation qui a engendré certaines répercussions sur l’exploitation maraîchère associative. «Nous proposons à la vente directe des paniers de fruits et légumes pour les habitants du coin. Nous le faisons encore, mais avec beaucoup moins de produits», regrette le coordinateur au CIGL.

Des retards dans les cultures

L’autre effet, et pas des moindres, du froid et de l’excès de pluie est le retard dans les cultures. Les maraîchers et leurs ouvriers ont, en effet, eu très peu de temps pour planter, repiquer et préparer les terres.

«On a un mois de retard. On a eu deux jours pour tout faire, c’était presque un coup de poker», raconte Lionel Lambinet. Mais avec un temps qui ne s’est guère amélioré, difficile pour ces plantations de pousser.

«Avec des nuits à 3 ou 4 degrés, il faudra aussi plus de temps pour que les légumes puissent se développer. La récolte se fera donc plus tard», ajoute Mathieu Tassin.

On a eu deux jours pour tout faire, c’était presque un coup de poker

Cette situation, les deux encadrants ne l’avaient pas vue depuis plus de vingt ans. «Ces écarts de température sont néfastes pour les fruits et légumes, mais aussi pour les sols», prévient le coordinateur de projets. Pour Lionel Lambinet, l’excès de pluie est même plus difficile à gérer que la sécheresse.

Alors, pour essayer de combattre le plus possible les effets de la météo, les maraîchers du CIGL misent sur de petites astuces. «Par exemple, on peut planter des légumes sur des petites buttes de terre pour que l’eau de pluie s’infiltre sur les côtés et non directement dans la plante», indique Mathieu Tassin.

Mais, pour lui, l’un des principaux avantages face aux instabilités de la météo reste le travail manuel. «Contrairement aux cultivateurs qui n’ont pas pu aller dans les champs avec leurs machines, nous, nous avons pu y aller plus rapidement, car nous faisons tout à la main (…). Le fait également d’avoir une diversité au niveau des légumes permet de limiter les catastrophes», explique-t-il.

Les deux encadrants du CIGL espèrent que les températures augmenteront rapidement d’ici à cet été, sans pour autant atteindre des niveaux extrêmes.

Une chenille ravage les fleurs et les feuilles de certains végétaux.

De la production au marché

Le Centre d’initiative et de gestion local d’Esch propose depuis plusieurs années des activités autour de la production et de la vente de fruits et légumes. Dans la capitale des «Terres Rouges», un terrain de deux hectares permet la culture de plusieurs centaines d’espèces. Un autre site se trouve également à Altwies.

Dans le cadre de ces deux projets, des ouvriers agricoles en réinsertion professionnelle participent à l’ensemble de la chaîne de production allant de la culture à la récolte en passant par la vente sur les marchés. Face à la demande toujours croissante des consommateurs, le site d’Esch aimerait acquérir de nouveaux terrains. Le projet est en cours.

Des chenilles ravageuses

En plus du froid et de la pluie, les maraîchers doivent également faire face à la prolifération de chenilles envahissant les feuilles d’arbres fruitiers ou de certains végétaux. Des espèces invasives qui détruisent les fruits et parfois même les arbres entiers.

«Elles se développent à cause du manque de froid pendant l’hiver. C’est pour cela qu’il est primordial d’avoir de vraies saisons bien déterminées, mais cela n’est plus le cas aujourd’hui», regrette Mathieu Tassin.

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