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Luxembourg : les syndicats veulent un dialogue social pour la sortie de crise


Quelle participation au plan d'après-crise ? Les grands syndicats du Luxembourg mettent la pression sur le gouvernement pour en être (Photo d'archives : Julien Garroy).

OGBL, LCGB et CGFP perdent patience. Ils se sentent toujours autant négligés par le gouvernement pour préparer l’après-crise. Une porte est enfin entrouverte : la tripartite pourrait se réunir à la mi-juillet.

L’annonce est passée presque inaperçue. Mercredi, le gouvernement invitera à deux nouvelles réunions séparées avec le patronat (UEL) et les syndicats (OGBL, LCGB et CGFP) pour préparer la sortie de crise. À l’ordre du jour figurent la situation sur le marché de l’emploi, la situation budgétaire, la situation en matière d’aides aux entreprises et la situation concernant la sécurité sociale. S’ensuit le passage décisif : le gouvernement compte évoquer «l’organisation éventuelle d’une tripartite à la mi-juillet».
Le camp syndical n’a pas raté cette annonce brute. Il lui reste à enfoncer le clou. «Le Premier ministre doit prendre ses responsabilités», martèle ainsi Patrick Dury, président du LCGB. Lundi, il s’est retrouvé aux côtés de Nora Back, présidente de l’OGBL, et de Romain Wolff, président de la CGFP, pour hausser le ton en amont des prochains échanges avec les responsables politiques. Une des revendications majeures : le gouvernement doit enfin engager un véritable dialogue social.
L’équation de base pour les syndicats reste identique depuis plus de deux mois : la crise sanitaire, qui va être suivie d’une crise économique ne doit pas se transformer en crise sociale. Ce message est répété depuis la mi-mars, mais le camp syndical estime qu’il n’a pas encore été suffisamment entendu par l’équipe du Premier ministre Xavier Bettel. «Le dialogue social en ces temps de pandémie coince. Alors que des représentants des « Big 4 » (NDLR : quatre plus grands groupes d’audit) sont assis depuis le début à la table pour préparer la sortie de crise, la voix de la population active n’est pas sollicitée», fustige Romain Wolff.

«La situation est grave»

Le camp syndical aurait été obligé d’exercer une importante pression avant d’être informé des plans du gouvernement pour amortir au mieux les effets de la crise du coronavirus. Mais toujours selon Romain Wolff, ni le plan de stabilisation ni le plan de relance n’auraient été évoqués avec les représentants des salariés. Les chambres professionnelles, représentant les salariés (CSL) et les fonctionnaires (CHFEP), n’auraient, elles non plus, pas été consultées. «C’est faire fausse route», tranche le président du syndicat de la fonction publique.
Les syndicats continuent donc de faire front commun afin de défendre au mieux la population active. «La situation est grave», insiste Nora Back, d’autant plus que les premières menaces pèsent sur les salariés placés en chômage partiel. La récente annonce du ministre du Travail d’autoriser des licenciements provoque ainsi l’ire du camp syndical (lire ci-dessous).
D’autres nuages noirs, tels qu’une hausse des impôts ou le retour à une politique d’austérité, pourraient se profiler à l’horizon. Même si ces deux derniers scénarios restent exclus par le gouvernement, OGBL, LCGB et CGFP veulent avoir le cœur net.
La seule hausse massive du chômage nécessiterait la réunion d’une tripartite, ont rappelé lundi les syndicats. Bien d’autres points seront à évoquer demain et donc lors d’une tripartite, longuement réclamée par les représentants des travailleurs. La sécurisation des emplois et du pouvoir d’achat seront les deux grandes priorités qui devront être inscrites dans un accord à négocier avec le gouvernement et le patronat. S’y ajoutent notamment l’éternel chantier de la lutte contre la flambée des prix du logement et l’encadrement légal du télétravail. La liste de revendications des syndicats varie, mais le dénominateur commun reste d’éviter que les ménages soient ceux qui devront payer les pots cassés. «Tout retour à une politique d’austérité, telle que pratiquée après la crise financière de 2008 et 2009 est inacceptable», insiste Nora Back.

Majorité des deux tiers pour les lois Covid

La défense des droits fondamentaux est un autre fer de lance des syndicats. Alors que gouvernement et Chambre sont engagés à peaufiner les lois Covid, visant à prolonger au-delà de l’état de crise certaines mesures et restrictions, la CGFP revendique que les textes restent «cohérents et clairs», sans quoi l’acceptation de la population risque de fléchir. Ainsi, Romain Wolff souhaite voir les députés valider les textes non pas par une majorité simple mais bien par une majorité des deux tiers. «Cela permettrait de renforcer la confiance des gens en la politique et la démocratie. La restriction de droits et de liberté restera de mise après la levée de l’état de crise», argumente le président syndical.
Le bras de fer est engagé.

David Marques

Vent debout contre tous les licenciements

Le chômage partiel élargi a, jusqu’à présent, permis de sauver des milliers d’emplois. Le gouvernement n’a cessé de louer cet instrument pour éviter une vague de licenciements en pleine période de crise sanitaire. Toute entreprise ayant bénéficié du chômage partiel s’est aussi vu interdire des licenciements. Aujourd’hui, le retour à un régime plus strict du chômage partiel se prépare. Le texte qui doit entrer en vigueur en juillet prévoit des critères économiques pour obtenir le chômage partiel, mais accorde aussi aux patrons le droit de licencier jusqu’à 25 % de leur effectif.
Les syndicats OGBL et LCGB sont vent debout contre cette disposition qui constituera un des points cruciaux des négociations à venir.

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