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Urgence sociale : Caritas pousse les partis à sortir de leur torpeur 


Marie-Josée Jacobs, ici aux côtés de Carole Reckinger et Marc Crochet, le directeur général de Caritas, veut «donner une voix aux personnes qui vivent au ban de la société». 

L’ONG a dévoilé, hier, son catalogue de revendications en prévision des législatives de 2023. Le prochain gouvernement est d’ores et déjà appelé à lutter de manière renforcée contre la pauvreté et la précarité.

Actuellement, la lutte contre la pauvreté se limite souvent à de belles paroles.» Carole Reckinger, la responsable «plaidoyer politique» de Caritas Luxembourg, n’avait pas mâché ses mots, le 10 mai, dans l’Interview du lundi qu’elle nous avait accordée.

Hier, les dirigeants de l’ONG sont revenus à la charge pour présenter, à 16 mois des prochaines législatives, un catalogue de revendications qui sera soumis aux différents partis. Le principal objectif de l’ONG est de «donner une voix à toutes les personnes qui vivent au ban de notre société et qui ont du mal à se faire entendre», comme le souligne Marie-Josée Jacobs, ancienne ministre de la Famille du CSV (1999-2013), qui occupe aujourd’hui le poste de présidente de Caritas Luxembourg.

Le document de 28 pages se base sur «l’expérience du terrain des collaboratrices et collaborateurs qui sont au quotidien en contact avec les personnes les plus vulnérables et qui voient où le bât blesse».

Caritas estime proposer des «solutions pragmatiques, très ciblées qui peuvent être mises en place dans un laps de temps assez raisonnable». Car l’urgence sociale est une réalité : «Il nous faut soulager rapidement les personnes en détresse qui, il ne faut pas l’oublier, souffrent aujourd’hui et ont besoin d’avoir une réponse rapide».

Une des priorités de Caritas est la lutte contre les inégalités sociales : «Pour la cohésion de notre société, il est important de rétablir plus de justice sociale. Les plus pauvres de notre société doivent être aidés de manière plus ciblée et le principe de l’arrosoir, si souvent appliqué, doit être remplacé par davantage de mesures ciblées».

«Revaloriser le budget familial»

Une clé majeure pour s’attaquer à ce problème social, qui ne cesse de s’aggraver, est une réforme fiscale digne de ce nom. «La base est de revaloriser le budget familial», souligne Carole Reckinger. Vu le retard pris par la réforme, promise depuis 2018, Caritas appelle à saisir l’occasion pour «mener une étude approfondie sur comment améliorer la redistribution actuelle et éliminer les inégalités».

L’ONG revendique, après près de 15 ans d’attente, une adaptation du barème fiscal au coût de la vie. Dans ce contexte, Caritas plaide pour «réduire l’impôt sur le revenu dans les tranches inférieures du barème et l’augmenter dans les tranches supérieures, voire ajouter des tranches supplémentaires en haut de l’échelle».

Le 14 juillet, la Chambre doit débattre de la réforme du système fiscal. Carole Reckinger espère que le gouvernement va «enfin s’attaquer à la pauvreté des ménages monoparentaux». Un autre chantier concerne les allocations.

«Les plafonds pour être éligible à de nombreuses allocations sont rapidement atteints lorsqu’on travaille à temps plein et que l’on a un salaire légèrement au-dessus du salaire minimum. Quelques euros de trop excluent ces personnes», regrette Carole Reckinger.

Au-delà de la lutte contre les inégalités, Caritas appelle les partis à lutter contre le sans-abrisme (lire ci-dessous), la pénurie de logements abordables, la fracture numérique et le changement climatique. La politique migratoire et la coopération internationale sont d’autres priorités présentées hier.

«Personne ne devrait dormir dans la rue»

Caritas déplore qu’«il n’existe pas de base de données centralisée sur le sans-abrisme et l’exclusion liée au logement au Luxembourg». Le catalogue de revendications comprend cinq propositions pour atteindre la maxime de l’ONG : «Personne ne devrait dormir dans la rue».

Une stratégie allant dans ce sens «ne peut se baser que sur une analyse quantitative et qualitative des données du terrain, ainsi que sur des bonnes pratiques et les leçons apprises des acteurs du secteur». Caritas plaide notamment pour un travail de prévention plus précoce et une prise en charge plus individualisée des sans-abri, par le biais de structures d’hébergement d’urgence de petite taille et réparties à travers le pays. La mise en place d’un coordinateur national unique qui garantit le dialogue entre tous les acteurs est une autre piste émise par Caritas.

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