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Rail : Bruxelles s’éloigne un peu plus de Luxembourg


En octobre 2019, le couple royal belge avait opté pour le train pour faire le déplacement depuis Bruxelles à Luxembourg. Les souverains ont eux aussi dû prendre leur mal en patience avant d’être accueillis par le Grand-Duc Henri. (archives Charles Caratini/Sip)

Il faudra attendre 2028, au mieux, pour voir le temps de parcours entre Luxembourg et Bruxelles être réduit de 30 minutes. L’UE est appelée à la rescousse pour accélérer le chantier.

Ils sont tous les deux vice-Premier ministres et ministres de la Mobilité. Ils sont également issus des rangs d’un parti écologiste et se connaissent depuis des années. Mais est-ce que cela sera suffisant pour enfin mener à bien la modernisation de la ligne ferroviaire entre Luxembourg et Bruxelles ? Jeudi, le ministre luxembourgeois François Bausch s’est montré plus pressant que son homologue belge Georges Gilkinet. «J’ai appris que dans le domaine du rail, il est préférable de ne pas annoncer trop rapidement des délais», affirme ce dernier, tandis que le premier se dit à bout de patience : «Il est fou de constater le temps que ça prend.»

En marge de la réunion des ministres européens des Transports au Kirchberg, un nouveau point a été dressé sur ce chantier, qui lancé en 2007 est toujours loin d’être achevé. En 2016, le Premier ministre, Xavier Bettel, avait fièrement annoncé au côté de Charles Michel, alors Premier ministre belge, que le temps de parcours entre Luxembourg et Bruxelles sera réduit à 2h07 à l’horizon de 2023. Actuellement, il faut toujours compter au moins 3 heures pour rallier la capitale belge. «Il y a 30 ans, la vitesse commerciale était plus rapide qu’elle ne l’est aujourd’hui. Cela n’est plus tolérable», renchérit l’ancien cheminot qu’est François Bausch. Mais rien n’y fait : désormais, le ministre belge de la Mobilité évoque 2028 comme nouvelle date butoir pour gagner non pas 60 mais plutôt 30 minutes.

«Notre objectif est de rétrécir encore le délai pour la fin du chantier. Nous comptons aussi aller plus loin que le gain de temps de 30 minutes», annonce le ministre Gilkinet. Il avance deux raisons qui expliquent le fait que Bruxelles s’éloigne encore un peu plus de Luxembourg. De un, «l’héritage à gérer n’est pas évident». «Trop souvent le rail a été la variable d’ajustement budgétaire», déplore Georges Gilkinet. De deux, «la ligne est difficile à moderniser». Ici, le ministre fait référence aux courbes à redresser, mais aussi à la solidification de parois rocheuses, afin de permettre une vitesse commerciale plus élevée. 

Un cofinancement du matériel roulant ?

En octobre, une enveloppe de 70 millions d’euros a été débloquée par le gouvernement belge afin d’accélérer les travaux entre Ciney et Libramont, la portion la plus critique du chantier. En amont et en aval de cette portion, les travaux seraient déjà bien avancés. Dans ce contexte, il est à rappeler que le gouvernement luxembourgeois a achevé la modernisation du tronçon Luxembourg-Kleinbettingen. François Bausch exclut à ce stade que le Grand-Duché investisse dans les travaux d’infrastructure côté belge (rails, caténaires, etc.). Par contre, il se dit ouvert à discuter du financement du matériel roulant qui doit augmenter l’attractivité de la ligne.

Les deux ministres voient aussi plus loin. L’axe entre les trois capitales européennes (Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg) doit être modernisé à son tour, avec à la clé une prolongation, voire une réactivation, de lignes ferroviaires vers la Suisse et l’Italie. «Il est incompréhensible que la Commission européenne et les pays membres de l’UE n’investissent pas davantage dans l’infrastructure ferroviaire», fustige François Bausch.

Des fonds européens doivent aussi contribuer à finaliser la modernisation de la ligne Luxembourg-Bruxelles. Une lettre signée par les deux ministres, envoyée à la Commission, a reçu un accueil favorable. «Nous allons introduire notre projet en automne», note Georges Gilkinet.

Un prochain point d’étape sera dressé en juillet lors de la réunion bilatérale entre les gouvernements de Belgique et du Luxembourg.

David Marques

Le rail, mais aussi la route

En parallèle de l’axe Bruxelles-Luxembourg, le ministre Gilkinet est décidé à améliorer l’offre ferroviaire du côté de Virton et d’Athus. Par contre, aucun investissement n’est prévu sur la ligne entre Gouvy et Liège.

Le P&R Viville, près d’Arlon, reste bloqué. «On aborde le problème à l’envers. La fréquence des trains n’est pas adaptée au nombre important d’emplacements pour voitures», évoque le ministre belge. La date de 2026 sera-t-elle tenue?

En ce qui concerne le couloir de covoiturage sur l’E411 et son prolongement vers Luxembourg, le ministre Bausch confirme que les travaux préparatifs se poursuivent. «Il nous faudra toutefois trouver une solution car nous allons opter pour que le couloir central soit réservé au covoiturage. La bande d’arrêt d’urgence n’est pas une option au vu du grand nombre d’échangeurs entre Sterpenich et Luxembourg», évoque le ministre luxembourgeois.

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