Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
À l’approche des vacances scolaires, le virus du covid semble connaître un rebond perceptible chez nos voisins français, mais aussi au Luxembourg. Si, pour le moment, aucune mesure particulière ne sera mise en place sur le territoire grand-ducal, la loi covid, elle, devrait toutefois être prolongée.
Les dispositions de la loi covid actuellement en vigueur au Luxembourg depuis juillet 2023 devraient être reconduites. C’est en tout cas ce que souhaite la ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), qui s’est exprimée à ce sujet à la Chambre des députés, durant une commission sur la Santé et la Sécurité sociale la semaine passée.
La loi covid actuelle expire à la fin de ce mois de juin. Mais face à plusieurs signaux faisant état d’une circulation croissante du virus en France, comme dans d’autres pays européens, le gouvernement se montre prudent et soumet un nouveau projet de loi pour prendre le relais.
Celui-ci prévoit ainsi la conservation de données, par exemple sur les vaccinations, et les dispositions sur le port du masque, mais également une prolongation de l’autorisation donnée aux pharmaciens de préparer et d’administrer les vaccins contre le Covid-19, après avoir suivi une formation spécifique.
Des niveaux inférieurs à décembre
«Au Luxembourg, tout comme dans d’autres pays d’Europe, il y a effectivement une augmentation de la circulation du SARS-CoV-2, mais les niveaux restent nettement inférieurs à ceux de décembre», prévient le ministère de la Santé, interrogé par le Quotidien à ce sujet.
Au cours de la semaine 24 (du 10 au 16 juin), la Direction de la santé a ainsi enregistré 146 cas positifs signalés par les laboratoires, contre 71 la semaine précédente (du 3 au 9 juin). «Cette reprise se reflète également dans les données des eaux usées fournies par le LIST depuis quelques semaines», appuie le ministère luxembourgeois, qui ne souhaite pas, pour l’instant, introduire de nouvelles mesures particulières.
Une «remontée prévisible»
Côté français, « les recours pour suspicion de Covid-19 continuent leur augmentation », depuis près de deux mois, même s’ils restent encore modestes, a observé Santé publique. Une hausse « de plus en plus marquée », autant pour les passages aux urgences (+52 % sur une semaine) que chez SOS Médecins.
Les eaux usées, où la présence du SARS-CoV-2 est surveillée dans 12 stations, montrent aussi une nette progression de la circulation virale depuis un mois. « Après une longue période de faible activité », plusieurs pays européens connaissent donc un rebond épidémique depuis quelques semaines, a rapporté récemment le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
« La remontée était prévisible », a jugé Mircea Sofonea, épidémiologiste à l’université de Montpellier (sud) et au CHU de Nîmes (sud). En cause : « un déclin immunitaire » de la population, mais aussi « un échappement immunitaire » des nouveaux sous-variants du virus, tous membres de la lignée Omicron JN.1, selon cet expert.
La protéine Spike, qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer les cellules d’une personne, semble connaître des mutations clefs dans ces variants.
Pas d’urgence sanitaire
Si, depuis mai 2023, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne considère plus la pandémie comme une urgence sanitaire mondiale, elle rappelle régulièrement que le SARS-CoV-2 « continue de circuler et d’évoluer ». Reste le risque d’un variant plus dangereux. « L’évolution d’Omicron depuis fin 2021 nous montre à quel point l’évolution du SARS-CoV-2 est loin d’être linéaire : des lignées plus anciennes refont surface à la faveur d’un saut évolutif important, puis se diversifient, se recombinent », a noté l’épidémiologiste.
Et si le SARS-CoV-2 a le potentiel de devenir saisonnier, selon plusieurs experts, ce n’est pas encore d’actualité. Au fil du temps et des vagues, la répercussion du Covid-19 sur les hospitalisations et les décès s’est cependant fortement amenuisée, grâce au niveau élevé d’immunité acquise par la vaccination et/ou les infections.
Mais elle n’est pas nulle, et les patients souffrant de « Covid longs » s’y ajoutent. Le masque reste recommandé, notamment en cas de symptômes, dans les lieux fréquentés et en présence de personnes vulnérables.
