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Le Luxembourg en route vers l’économie de demain


Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, souhaite développer d’ici 2025 une économie plus compétitive et plus durable. (photo Fabrizio Pizzolante)

La transition numérique et écologique figure encore et toujours parmi les grandes priorités pour la transformation de l’économie. Le Luxembourg vise à devenir un «laboratoire» de référence.

Franz Fayot n’a pas réinventé la roue en préparant sa feuille de route baptisée «Ons Wirtschaft vu muer» («Notre économie de demain»), présentée lundi. Le ministre de l’Économie mise en effet sur des composantes qui font déjà le succès du tissu économique luxembourgeois afin de préparer l’avenir : «L’objectif n’est pas de préparer l’économie d’après-demain ou celle qui nous attend d’ici 20 ans. Le monde actuel est trop complexe pour établir une vision à long terme. Il est plus intéressant de miser sur le court et le moyen terme et développer des ambitions concrètes.» L’horizon envisagé pour concrétiser cette feuille de route est 2025.

Avec un recul du produit intérieur brut (PIB) de 1,3% sur l’année de crise 2020, l’impact du Covid-19 sur l’économie nationale «a pu être assez bien maîtrisé. Nous avons réussi à stabiliser la situation grâce aux différents paquets d’aide et de relance. Mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers». Franz Fayot émet cette mise en garde alors que les prévisions font état d’un rebond du PIB de 6% au bout de cette année 2021. «Il nous faut définir comment on peut répondre aux défis et aux grandes tendances qui nous attendent», reprend le ministre.

Les réflexions entamées dès le mois de juillet dernier ont permis de tirer les leçons de la crise sanitaire, avec un large panel de consultations. Les chambres professionnelles et des représentants de la société civile ont été impliqués. Il s’est avéré que l’économie luxembourgeoise disposait d’un profil assez favorable pour résister au Covid. Le secteur logistique et les technologies de santé étaient déjà bien implantés avant le déclenchement de la pandémie. Il en va de même pour la numérisation de l’économie. «Il n’aurait été ni intelligent ni responsable de partir d’une feuille blanche. Les initiatives déjà prises ces 5 ou 6 dernières années, telles que le processus Rifkin, sont à prendre en considération pour accompagner la transformation de l’économie», souligne Franz Fayot.

«Nos efforts suscitent beaucoup d’intérêts»

Après avoir analysé de près les «mégatendances globales» auxquelles est exposé le Luxembourg tout comme le contexte européen et national, il a été décidé d’articuler la feuille de route autour de six composantes, avec à la clé une série de six actions pilotes (voir ci-dessous). Sans trop de surprise, la transition numérique et écologique va figurer au cœur de l’action ministérielle. L’économie circulaire et l’intelligence artificielle sont rejointes par l’économie des données et le développement de chaînes de valeur stratégiques. «Vu notre force dans le domaine de la numérisation, nous pouvons vraiment devenir un laboratoire de référence en la matière. Nos efforts suscitent déjà beaucoup d’intérêts sur le terrain national, mais aussi à l’étranger», fait remarquer le ministre de l’Économie.

Selon Franz Fayot, le Luxembourg est le premier pays à présenter une telle feuille de route alliant à la fois la numérisation et l’écologie. «Le changement climatique ne doit pas être vu comme un danger, mais plutôt comme un défi et une opportunité pour développer de nouveaux modèles économiques», souligne le ministre. Le gouvernement peine toutefois toujours à concrétiser ses ambitions climatiques (lire ci-dessous).

Il faudra attendre la réalisation des premiers projets concrets pour pouvoir évaluer davantage l’apport de la feuille de route pour une économie compétitive et durable. «Les objectifs que l’on s’est fixés sont ambitieux sans être utopiques», martèle Franz Fayot, qui au-delà de 2025 vise déjà à «anticiper les prochaines grandes tendances et tirer profit des avantages que nous disposons en tant que petit pays, plus agile que les autres».

David Marques

Une feuille de route, 6 composantes clés

NUMÉRISATION Accélérer la numérisation de l’économie au profit de la société, dont la poursuite du développement des technologies de la santé (médecine personnalisée, téléconsultation), le développement de la mobilité intelligente (conduite autonome) et une meilleure gestion du «dernier kilomètre» (livraisons plus efficientes) dans le domaine de la logistique.

ÉCONOMIE CIRCULAIRE Mener la transition vers l’économie circulaire par le numérique. Ou, en d’autres termes, trouver en misant sur la digitalisation des solutions pour sortir de l’économie linéaire, confrontée à une pénurie de ressources qui s’accentue (voire matériaux de construction).

CHAÎNES DE VALEUR Développer des chaînes de valeur stratégiques résilientes en attirant notamment des industries misant sur la robotisation, les imprimantes 3D et l’intelligence artificielle.

ÉCONOMIE DES DONNÉES Permettre une transformation sûre et fiable de l’économie des données. Ici, la cybersécurité figure au centre des préoccupations, aussi bien pour rendre plus sûrs les centres de données ou encore le tout nouvel ordinateur à haute performance MeluXina.

TRANSITION NUMÉRIQUE DURABLE Actuellement, le secteur des technologies de l’information et de la communication (ICT) consomme 10% de l’énergie nationale. L’objectif est de travailler sur des solutions pour réduire l’impact énergétique de la transition numérique, comme c’est déjà le cas pour MeluXina. Si le projet se concrétise, le centre de données de Google va aussi miser sur un modèle écologique.

INVESTISSEMENTS L’espace, la finance verte ou encore le capital-risque doivent pouvoir bénéficier d’un environnement d’investissement favorable et d’instruments permettant d’atteindre une durabilité tout en restant compétitifs.

Loi climat : «On va se donner le temps nécessaire»

La semaine écoulée, le Mouvement écologique était monté au créneau pour dénoncer le fait que le gouvernement n’ait toujours pas établi le règlement grand-ducal fixant des objectifs chiffrés par secteur d’activité pour atteindre les objectifs climatiques. Une action en justice n’est plus exclue. Interrogé lundi sur l’avancée des travaux, le ministre de l’Économie n’a pas souhaité confirmer ni infirmer si le règlement en question sera achevé avant le début des vacances d’été. «Le gouvernement ne va pas se faire presser par une possible action en justice. On va se donner le temps nécessaire», souligne Franz Fayot. Le ministère de l’Environnement se trouve en première ligne, mais est soutenu par l’Économie. «La loi climat aura de réelles répercussions sur l’industrie. Il faudra définir avec le secteur comment atteindre au mieux les objectifs climatiques. Le chemin pour y parvenir sera long et va nécessiter d’importants investissements», fait encore remarquer Franz Fayot.

Les actions pilotes en bref

Un des projets phares de la feuille de route du ministre Fayot est la création d’une plateforme technologique nationale d’échange, de traitement et de gouvernance de données. L’idée de base est de réunir sur une même plateforme des données émanant de l’État, des instituts de recherche et du secteur privé. Des échanges doivent devenir possibles pour permettre la concrétisation de nouveaux projets novateurs.

Des zones d’activités intelligentes, basées sur l’économie de partage, tout comme trois futurs campus (technologie de santé, technologie, activités spatiales), viennent compléter les actions pilotes.

Renseignements sur meco.gouvernement.lu

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