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Le commerce équitable progresse au Luxembourg


Geneviève Krol et Jean-Louis Zeien, directrice et président de Fairtrade Lëtzebuerg, ont présenté les chiffres du commerce équitable. (photo Fabrizio Pizzolante )

La vente des produits labellisés Fairtrade Lëtzebuerg est en augmentation de 13% sur un an. Pour autant, le pays peut encore mieux faire.

Le commerce équitable sur le marché luxembourgeois est en progression. C’est ce qui ressort du bilan annuel de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg. Dans le détail, le chiffre d’affaires généré sur le marché luxembourgeois par les ventes de tous les produits Fairtrade des différents partenaires de l’ONG est de 21,85 millions d’euros, soit une augmentation de 13 % en un an.

«Cela démontre une forme d’exigence croissante du consommateur qui souhaite des produits plus éthiques mais aussi un engagement grandissant des partenaires luxembourgeois qui font le choix de proposer à la vente des produits Fairtrade ou encore utilisent des matières premières issues du commerce équitable», souligne Geneviève Krol, la directrice de Fairtrade Lëtzebuerg.

Au niveau des produits, la banane Fairtrade reste le produit préféré du consommateur au Luxembourg puisqu’elle représente 35,66 % de part de marché. Ainsi, une banane sur trois au Luxembourg provient d’une coopérative certifiée Fairtrade. La rose Fairtrade occupe la deuxième position avec 29 % de part de marché au Grand-Duché, suivie par le café et ses 11 % de part de marché. En moyenne, les habitants dépensent 35,60 euros par an en produits Fairtrade. De cette somme, 20 à 30 % profitent directement aux producteurs qui, pour rappel, ne demandent pas la charité mais bien un juste prix pour le travail réalisé, le tout dans des conditions respectant l’humain, ses droits et sa santé.

Ces 35,60 euros peuvent paraître assez peu sur douze mois mais le Luxembourg se classe tout de même à la sixième position des meilleurs pays consommateurs de produits certifiés Fairtrade. Loin devant, la Suisse occupe la tête de ce classement avec une moyenne de 85,44 euros par habitant, suivie par l’Irlande (79,55 euros), la Finlande (54,76 euros), la Suède (40,89 euros) et l’Autriche (39,44 euros). À noter que nos voisins directs sont beaucoup moins friands du commerce équitable puisqu’un Français dépense en moyenne seulement 13,47 euros par an, un Belge 19,15 euros par an et un Allemand 24,55 euros par an en produits Fairtrade.

Équitable et local, un mariage gagnant

Pour autant, il ne faut pas croire que les consommateurs français et belges soient moins attentifs que les consommateurs luxembourgeois ou suisses à la question du commerce équitable. La différence se fait surtout au niveau des acteurs de la distribution et des entreprises. «En ce qui concerne la Suisse, il y a un très grand investissement de la part de deux acteurs de la distribution, qui eux-mêmes étaient des coopératives à la base. Ils sont extrêmement actifs et créatifs sur le sujet et ils arrivent à mettre en avant une large gamme de produits. Il y a aussi des enseignes qui ont fait le choix de proposer uniquement des fruits Fairtrade. Mais la Suisse dispose aussi d’un plus grand nombre de consommateurs que le Luxembourg, permettant à ces acteurs de la distribution d’œuvrer sur le sujet. Cela montre aussi qu’au Luxembourg, nous pouvons faire mieux», explique Jean-Louis Zeien, le président de Fairtrade Lëtzebuerg.

Quand on parle de produits équitables, on pense naturellement aux bananes, au cacao, au café, etc. Donc des produits et des matières premières venant des continents africain et sud-américain. Difficile d’y voir un ancrage local avec le Luxembourg. Pourtant, de plus en plus d’entreprises luxembourgeoises font le choix de se fournir en matières premières certifiées Fairtrade pour les transformer ensuite en produits luxembourgeois. On peut citer le croissant Fairtrade produit par les boulangeries Jos & Jean-Marie Neuberg ou encore les glaces fabriquées par la Molkerei Thiry.

Dans leur ensemble, les produits alliant le commerce équitable et la création locale ont connu une croissance de vente de plus de 21 % l’année dernière. Actuellement, il existe 2 666 produits Fairtrade vendus sous une marque luxembourgeoise, soit plus de 150 nouvelles marques en 18 mois. Et 26 acteurs luxembourgeois disposent d’une licence Fairtrade afin de transformer et vendre un produit sous leur propre marque avec le label de l’ONG. «Aujourd’hui, c’est une réelle demande du consommateur. Au Luxembourg, 8 résidents sur 10 jugent que les autorités publiques devraient encourager les artisans luxembourgeois comme les torréfacteurs, les chocolatiers, les boulangers et les autres à utiliser des matières premières Fairtrade», précise Jean-Louis Zeien.

Une relance équitable

L’ONG luxembourgeoise a également attiré l’attention sur la nécessité de profiter des plans de relance économique pour inclure davantage le commerce équitable. «Nous avons pu nous entretenir avec le ministre de l’Économie, Franz Fayot, qui a promis de faire analyser nos propositions par ses équipes et nous attendons une seconde entrevue en septembre. Nous souhaitons également collaborer avec le ministère de l’Agriculture, qui souhaite également inclure la notion « équitable » dans un projet ministériel en cours», explique Jean-Louis Zeien, voulant y voir une avancée pour le pays.

Mais plus globalement, le président de l’ONG a appelé les «décideurs politiques à envisager, lors de l’établissement des plans de relance, de s’assurer que l’économie se reconstruise de manière plus durable et plus équitable. Il sera primordial de remettre l’humain au centre de nos relations commerciales et, par extension, de l’économie tout entière.»

Seul l’avenir nous dira si ce fameux «monde d’après» aura tiré les leçons de la crise sanitaire du Covid-19. À noter d’ailleurs que grâce au commerce équitable et à l’ONG Fairtrade, qui assure une prime Fairtrade (en plus d’un prix minimum aux producteurs), les producteurs et leurs travailleurs ont pu s’équiper en produits d’hygiène tels que des savons et des masques ou encore profiter des revenus issus du commerce équitable pour faire face à la crise du coronavirus.

Jeremy Zabatta

 

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