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Journée de l’Europe : «Schengen est fragilisé»


Le Grand-Duc héritier et le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, étaient présents à Schengen dimanche pour célébrer la Journée de l’Europe. (photo Claude Lenert)

C’est un appel à plus d’Europe et à une Europe plus solidaire qui a été lancé dimanche à Schengen, lieu emblématique de la construction européenne, à l’occasion de la Journée de l’Europe.

Si la crise sanitaire a eu cette année encore raison de la traditionnelle Fête de l’Europe avec les citoyens, elle n’a pas empêché malgré tout la célébration de 70 ans de paix à l’occasion de la Journée de l’Europe dimanche, déclarée jour férié depuis 2019 dans le très europhile Grand-Duché. C’est sous un soleil haut et au pied du Musée européen de Schengen, village si emblématique de la construction européenne, que s’est déroulée la manifestation, en présence du Grand-Duc héritier, qui a pour l’occasion accroché un cadenas à la sculpture E Schlass fir Schengen, en symbole de l’attachement du pays à l’UE.

Loin de nier les difficultés rencontrées et les défis à relever pour assurer les fondations de l’Union mais aussi l’améliorer, les différents intervenants ont tous rappelé dans leur discours l’importance de mettre en place une Europe plus sociale et solidaire mais aussi l’impératif de veiller au respect des valeurs communes : liberté, démocratie, État de droit, respect des droits de l’homme et égalité, sans oublier la libre-circulation.

À l’instar de Jean Asselborn, qui ne décolère pas face à la fermeture inopinée de certaines frontières (notamment l’Allemagne en mars 2020) pour combattre le Covid-19. Pour le ministre des Affaires étrangères, les accords de Schengen ont été tout bonnement remis en cause ainsi que la vie de «la communauté transfrontalière», communauté qui représente tout de même 30 % de la population européenne, soit 150 millions de citoyens.

«Les fermetures de frontières et les contrôles ou les mesures avec effets similaires ont fondamentalement remis en question leur mode de vie, voire leur survie tout court», s’est insurgé Jean Asselborn. Si la lutte contre le coronavirus est une «priorité pour nous tous», les frontières ouvertes demeurent toutefois «un droit fondamental en Europe [qui doit être rétabli] entièrement et complètement aussi vite que possible», a-t-il insisté.

Le ministre des Affaires étrangères a en outre vivement alerté : «Le système Schengen est fragilisé par une cascade de réintroductions de contrôles aux frontières intérieures pour des raisons de sécurité publique, de gestion migratoire ou de contrôles sanitaires. Nous devons normaliser le fonctionnement de l’espace Schengen, c’est-à-dire restaurer la libre-circulation des personnes dans son entièreté.» Avant de conclure : «Vive l’esprit européen, vive Schengen, vive l’Europe ouverte et libre!»

Une plateforme pour
inclure les citoyens

L’importance de la solidarité tant vers l’intérieur que vers l’extérieur de l’Europe a aussi été soulignée par Nicolas Schmit, commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Insertion depuis 2019. Tout juste de retour du sommet social européen de Porto, qui s’est tenu ces 7 et 8 mai et au cours duquel les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont adopté une déclaration proclamant leur détermination à mettre en œuvre un socle européen des droits sociaux, le commissaire a qualifié ce moment de «nouvelle étape», qui lui a permis de «retrouver l’optimisme européen».

«Je crois qu’il y a une prise de conscience que nous sortons d’une époque qui a fait peu de cas du social. Où finalement on n’entendait que les mots de compétitivité et de flexibilité (…) Cette Commission a commencé ses travaux par la formule employée par sa présidente : nous voulons une économie au service des hommes et des femmes. Nous avons commencé à faire des propositions : salaire minimum européen, égalité des salaires entre hommes et femmes, droit à la formation pour tous. Tout cela fera l’Europe de demain. Ce sera l’Europe des jeunes et cela donnera aussi une force à l’Europe dans le monde», a affirmé Nicolas Schmit.

Reprenant Jacques Delors, président de la Commission européenne de 1985 à 1995, Nicolas Schmit a en effet vivement insisté sur l’importance de faire une Europe pour et avec les jeunes : «Si nous ne faisons pas l’Europe pour les jeunes, si les jeunes ne se reconnaissent pas dans cette Europe, il n’y aura plus d’Europe.»

Ce qui passe par le fait d’en faire respecter les valeurs, véritable «combat de tous les jours» face à certains gouvernements qui remettent en question «l’indépendance de la justice, la liberté de la presse mais aussi l’égalité des genres». Référence implicite à la Hongrie et la Pologne, qui ont une fois de plus fait obstacle en refusant l’utilisation du terme «genre» dans la déclaration de samedi, pour préférer l’expression d’égalité «pour chaque individu».

Pour mettre sur pied une Europe moins déconnectée de ses citoyens, «il est indispensable de privilégier un dialogue franc et direct, inclusif» avec ceux-ci, a pour sa part avancé le député Fernand Etgen. C’est là tout le sens de la plateforme numérique «Conférence sur l’avenir de l’Europe». Lancée dimanche, elle offre aux citoyens dans toute l’Europe la possibilité d’exprimer sur une plateforme ce qu’ils attendent de l’UE et de donner leur avis sur les prochaines évolutions (futureu.europa.eu).

Tatiana Salvan

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