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Guardian : sur le pied de grève


(photo Archives LQ/Tania Feller)

Dans l’impasse après une dernière réunion devant l’Office national de conciliation, l’OGBL prépare une grève chez Guardian.

Après de longues semaines de discussions et de négociations, les syndicats et la direction de Guardian n’ont toujours pas réussi à s’entendre. Même le passage devant l’Office national de conciliation (ONC) n’a rien pu y faire. Syndicats et direction sont désormais à couteaux tirés avec, à l’horizon, la menace d’une grève jugée comme «inévitable» par l’OGBL et les salariés de Guardian Luxguard.

Il reste 24 heures pour éviter le conflit social. Après quatre heures de discussion devant le médiateur de l’ONC, la grève semble être la prochaine étape. «On a essayé de trouver des solutions. Nous sommes là pour en trouver et nous voulons toujours éviter le conflit social. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas trouvé de solutions», a déclaré Alain Rolling, secrétaire central de l’OGBL en charge du dossier, mardi soir à la sortie de cette réunion de la dernière chance. «Nous avons proposé des solutions, mais cette direction n’en veut pas et c’est bien dommage. Si demain il n’y a pas d’avancée de la part de la direction de Guardian, ce sera la fin de la conciliation et chacun devra prendre ses responsabilités. De notre côté, nous sommes prêts», a prévenu Alain Rolling.

«Guardian veut juste licencier»

Avant même cette réunion, l’OGBL avait sondé les salariés afin de savoir jusqu’où ils étaient prêts à aller. «Les membres de l’OGBL travaillant chez Guardian Luxguard – 4/5 des salariés de l’entreprise – ont été consultés le 20 novembre. Plus de 80 % des votants se sont prononcés en faveur de la grève. Le comité exécutif de l’OGBL s’est quant à lui réuni exceptionnellement le 23 novembre pour avaliser ce vote et a donné, à l’unanimité, son feu vert au syndicat Chimie de l’OGBL en vue du déclenchement d’une grève chez Guardian Luxguard, au cas où une non-conciliation serait décrétée au cours des prochains jours», avait communiqué le syndicat dans la matinée.

«C’est très clair : Guardian veut surtout licencier. La direction ne veut pas trouver de solutions alors qu’il y en a, notamment via le plan de maintien dans l’emploi. Nous ne sommes pas d’accord sur les indemnités pour les départs volontaires et nous demandons plus de temps pour trouver des solutions avec d’autres employeurs afin que les gens partent avec dignité. Mais Guardian veut juste licencier. On a le sentiment que la direction veut surtout se débarrasser de personnes jugées inutiles pour la société. Et il y a 37 personnes dans la balance», a pesté Alain Rolling. Ce soir, la période légale pour trouver un terrain d’entente avec l’accord de l’ONC prendra fin et l’OGBL ne cache pas ses intentions de grève, tout en laissant la porte ouverte à la direction. «Si elle vient nous voir avec des solutions, nous sommes à l’écoute», a assuré Alain Rolling.

De 201 à 37 salariés en danger

Depuis l’annonce cet été par la direction de Guardian d’une vaste restructuration et de la volonté de se séparer de 44 % de ses effectifs au Luxembourg, soit 201 personnes sur 453 salariés, l’OGBL et la délégation du personnel n’ont pas cessé de travailler afin d’éviter toute casse sociale. En quelques semaines, les syndicats arrivent à trouver des solutions via un plan de maintien dans l’emploi avec des préretraites, du prêt de main-d’œuvre ou encore du reclassement. Résultat, le nombre de salariés sur un siège éjectable est passé à 45. C’est encore trop pour Alain Rolling, qui ne cesse de demander un peu plus de temps pour trouver des solutions. Mais Guardian veut aller (trop) vite.

En octobre, le spécialiste du verre, implanté au Luxembourg depuis 1989, annonce vouloir désormais mettre en place un plan social. Une décision inenvisageable pour l’OBGL qui, dès lors, durcit le ton lors des négociations du plan social. Là encore, les positions sont à l’opposé, notamment sur la question des indemnités de licenciement. Guardian accepte tout de même de garder les salariés de plus de 52 ans, une demande du syndicat conscient de la difficulté de retrouver du travail dans l’industrie lourde à cet âge dans le contexte difficile et incertain du moment.

Près de cinq mois après les premières discussions, les syndicats et les salariés semblent bien décidés à hausser le ton pour sauver 37 salariés du licenciement. Mais quoi qu’il arrive, les syndicats ont tout de même réussi à juguler drastiquement la casse sociale redoutée cet été.

Jeremy Zabatta

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