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Abandon de l’usine de yaourt : «Une chance pour d’autres industries plus durables»


L'usine du groupe Fage devait notamment s'installer entre Dudelange et Bettembourg. Mais il y avait les opposants, emmenés par Josée Lorsché sur la route... (Photo : Editpress).

Soulagement d’un côté, déception de l’autre. Le projet Fage vient de toucher à sa fin et aucun yaourt grec ne sera produit entre Bettembourg et Dudelange. Josée Lorsché (déi gréng), figure de proue de l’opposition, veut rester positive.

Coup dur pour certains et bon sens pour d’autres. Le groupe industriel grec Fage a décidé de renoncer au projet d’implantation d’une usine de yaourt entre Bettembourg et Dudelange dans la zone industrielle de Wolser. Le ministère de l’Économie a confirmé mardi la décision du groupe agroalimentaire de renoncer à «un projet de l’ordre de 277 millions d’euros pour construire une nouvelle unité de production de yaourt au Luxembourg supposée générer à terme environ 300 emplois». Une décision prise la semaine dernière et réaffirmée mardi après-midi après une dernière entrevue entre les représentants du groupe grec et le ministre de l’Économie. Ce dernier n’a d’ailleurs pas caché devant les députés à la Chambre sa déception. «Le management de Fage a exprimé ses regrets, car ils ont tenté pendant quatre ans d’implanter une usine respectant les derniers standards de la technologie», a affirmé Franz Fayot avant de préciser : «Les responsables de Fage m’ont confirmé leur décision de retirer le projet, une décision irrévocable, lors d’une dernière réunion» en début de semaine. «Le projet a considérablement évolué depuis les débuts, notamment en ce qui concerne la consommation et le traitement de l’eau. Une station d’épuration devait être construite. Le projet est devenu plus cher et donc économiquement moins rentable pour Fage», a encore expliqué le ministre. Enfin, Franz Fayot a donné des précisions sur l’avenir du terrain acheté par Fage à l’État.

Une ressource épuisable

«Un compromis a été signé pour que l’État puisse racheter le terrain au prix d’acquisition, soit à 20 000 euros par are. Il m’est impossible de présenter à très court terme un projet de remplacement. Or ma volonté, qui va de pair avec la politique européenne, est de continuer à œuvrer pour implanter des projets d’industrie durables au Luxembourg. Je reste convaincu que le Luxembourg a besoin d’industrie. Le pays ne peut pas se reposer sur la seule industrie des services ou uniquement être une place financière. Soyez assurés que l’on va faire bon usage du terrain», a-t-il assuré aux députés. À noter que le terrain en question est estimé à 30 millions d’euros.

Du côté des opposants à ce projet, la nouvelle résonne comme une victoire. «C’est une chance pour d’autres industries plus durables», a commenté Josée Lorsché, députée déi gréng et échevine au conseil communal de Bettembourg. La femme politique rappelle d’ailleurs qu’elle n’a jamais «été contre un projet industriel», mais il faut que le projet ait du sens, représente un besoin et vaille la peine au niveau du pays.
Effectivement, le projet a très vite été critiqué. A notamment été mise en doute la pertinence de voir s’installer une usine produisant 80 000 tonnes de yaourt par an avec un besoin énorme en eau de l’ordre de 2 500 mètres cubes d’eau potable par jour, ce qui équivaut à la consommation quotidienne d’environ 23 000 habitants, soit l’équivalent de la population de Dudelange, quatrième ville la plus peuplée du pays. «Depuis quatre ans que le dossier est ouvert, il y a toujours eu plus de questions que de réponses, notamment par rapport à l’eau, un sujet très important à l’avenir au niveau des conflits d’usage. L’eau est une ressource épuisable», insiste Josée Lorsché.

Les débats et les critiques semblent donc avoir eu raison des investissements de Fage, peut-être découragé par les 900 pages d’avis des communes de Bettembourg (largement défavorable au projet) et de Dudelange (plus nuancé). «Les avis des communes n’ont aucun pouvoir sur la décision finale d’un projet», regrette pourtant Josée Lorsché, qui met en avant la nécessité d’avoir un nouveau cadre légal privilégiant davantage les questions en lien avec l’environnement.
La vente controversée du terrain à Fage a «sans doute bousculé les esprits», estime enfin l’échevine déi gréng, tout en ne cachant pas ses inquiétudes face aux révélations récentes de Paperjam sur un montage fiscal étrange de Fage au Luxembourg qui aurait grassement rémunéré une société de conseil n’ayant aucune substance au Luxembourg.
Après quatre ans, l’usine de yaourt grec de Fage, tout comme celle de laine de roche de Knauf, n’aura pas dépassé l’état de projet.

Jeremy Zabatta

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