HUT a tout à prouver

Le dialogue de sourds qui a marqué les débuts de Hëllef um Terrain (HUT), l’association appelée à garder en vie les activités sociales de Caritas, fait tache. Les explications livrées mardi par Christian Billon, le président du conseil d’administration, arrivent trop tardivement. Il est compréhensible que ce dernier n’ait pas voulu trop s’avancer avant d’avoir l’assurance que l’État allait maintenir son soutien financier aux différents projets. Cette garantie ne serait intervenue que jeudi dernier, ouvrant la voie au transfert à très court terme du personnel de Caritas vers la nouvelle entité. Les 350 employés concernés avaient à peine quelques heures avant de devoir se décider, provoquant de l’incompréhension, des craintes et d’importantes tensions.

L’OGBL continue à fustiger un «chantage» exercé sur les salariés invités à signer sans temps de réflexion leur nouveau contrat. Hëllef um Terrain réfute ces accusations, renvoyant notamment vers un dialogue permanent avec les délégations du personnel. Le code du travail aurait aussi été pleinement respecté. Faux, contre le syndicat, qui considère que le modèle social luxembourgeois est bafoué. Un recours en justice est acté, de nouvelles mobilisations ne sont pas exclues. Tout cela n’augure rien de bon pour le nouveau chapitre à peine ouvert dans ce qui reste une des plus graves affaires que le secteur social luxembourgeois ait connues. Le détournement de 61 millions d’euros chez Caritas fera toujours des vagues.

Pour revenir à Hëllef um Terrain, il est à saluer que des acteurs ont pu être trouvés pour continuer à prendre en charge des milliers de personnes démunies, vivant dans la précarité. Par contre, les initiateurs auraient mieux fait de communiquer plus tôt. Le mutisme ayant prévalu pendant de longues semaines n’a fait que renforcer l’impression qu’un cabinet d’audit, avec le concours de proches du CSV et du DP, avait pris la main. Des doutes persistent toujours. Il revient donc désormais au gouvernement de faire preuve d’une plus grande transparence.

En fin de compte, HUT a tout à prouver dans les semaines et mois à venir. Il reste à espérer que les 324 employés qui ont déjà rejoint l’association pourront travailler dans la sérénité promise par leurs nouveaux patrons.