Dudelange : et soudain, des trains directs vers Luxembourg

Les habitants de la Forge du Sud peuvent depuis plusieurs semaines déjà rejoindre la capitale, sans devoir changer de train à Bettembourg. La ligne directe restera toutefois éphémère.

Avec ses plus de 21 500 habitants, Dudelange est la quatrième ville du pays. Contrairement à Esch-sur-Alzette ou Differdange, la Forge du Sud ne dispose cependant pas de ligne de train ferroviaire vers et depuis la capitale. Pour rejoindre Luxembourg, les Dudelangeois sont – à une exception près aux heures de pointe – contraints de changer de train à Bettembourg. La surprise a été d’autant plus grande cet été, lorsque les panneaux horaires installés sur les quais ont annoncé des voyages directs en direction de Luxembourg. Même principe pour les retours : les trains partant de la capitale ne se limitent plus aux trajets en direction d’Esch-sur-Alzette, mais des courses supplémentaires ont lieu en direction de Dudelange et Volmerange-les-Mines, terminus de la ligne 60.

Comment s’explique donc cette nouvelle offre, réclamée depuis de très longues années par les édiles de la commune, mais aussi par de nombreux navetteurs? Contactés par nos soins, les CFL renvoient vers le chantier au niveau de la tête sud de la gare de Luxembourg. En raison de la capacité d’accueil réduite des quais, due à ces travaux, la décision a été prise de limiter les trains en provenance de la France à Bettembourg. Par conséquent, il a fallu maximiser l’offre de trains pour compenser le trafic réduit depuis et vers le Grand Est.

«Le fait de prolonger les trains en provenance de Volmerange-les-Mines (NDLR : et donc Dudelange) offre des capacités supplémentaires nécessaires pour accueillir les clients à bord des trains du sillon lorrain devant changer de train en gare de Bettembourg pour rejoindre ensuite Luxembourg», précisent les CFL dans leur réponse écrite, fournie au Quotidien. Le même écrit ajoute que «la décision de faire circuler les trains en provenance des Volmerange-les-Mines et d’Esch-sur-Alzette jusqu’à la gare de Luxembourg – et non ceux du sillon lorrain – a été prise dans le but de profiter au maximum des capacités disponibles au niveau du réseau ferré pour offrir un service de la meilleure qualité possible dans cette situation de travaux».

La fin du chantier en gare de Luxembourg est imminente. Une fois la réouverture intégrale de la tête sud, les trains directs depuis et vers Dudelange et Volmerange auront vécu. Le dernier voyage direct est prévu le 9 septembre. Une décision qui est regrettée auprès des responsables de la commune de Dudelange. «On préférerait plutôt hier qu’aujourd’hui et disposer d’un plus grand nombre de trains directs vers Luxembourg. Une cadence plus importante profite non seulement aux navetteurs, mais aussi à l’environnement et au trafic à Dudelange», indique Claudia Dall’Agnol (LSAP), l’échevine en charge de la mobilité. Même son de cloche dans l’opposition. Françoise Kemp, jeune conseillère du CSV, souligne que «les trains directs sont certainement une bonne chose. L’option de les maintenir, comme c’est actuellement le cas, est bonne. L’idéal serait d’avoir deux trains directs par heure. Le minimum serait d’en avoir un toutes les 60 minutes».

Claudia Dall’Agnol affirme qu’il aurait été préférable de faire plus de publicité pour cette offre exceptionnelle de trains directs, aussi pour mieux mesurer si plus de gens ont choisi le rail au lieu de la route pour se rendre à Luxembourg : «Je ne sais pas si l’effet a été si grand en cette période de vacances d’été. Il serait plus opportun de prolonger l’expérience, par exemple en hiver, pour savoir si les trains directs ont un effet positif sur le nombre de ses usagers.»

L’échevine se dit toutefois consciente qu’une solution durable ne pourra pas être trouvée de sitôt. En cause : les problèmes de capacités du réseau ferré. «On le voit déjà avec le grand nombre de retards, y compris sur le tronçon limité entre Bettembourg et Volmerange», déplore l’élue socialiste, rappelant aussi «l’histoire sans fin du réaménagement de la gare de Bettembourg».

En attendant que les CFL puissent dégager des capacités supplémentaires, les idées fleurissent concernant la mobilité à Dudelange. Le CSV plaide ainsi pour un train-tram, tout en soutenant pleinement le collège échevinal dans ses efforts pour améliorer la cadence des trains vers Luxembourg. «Pour l’instant, les CFL travaillent sur des solutions pour réduire le temps de fermeture des barrières», indique Claudia Dall’Agnol.

Malgré ces adaptations ponctuelles, il faudra encore attendre de longues années avant de voir Dudelange connectée directement à Luxembourg, du moins par le réseau ferré. Le Plan national de mobilité 2035 fixe rendez-vous en 2028 pour «deux trains directs par heure entre Volmerange-les-Mines et Dommeldange». Une fois les passages à niveau supprimés (lire ci-dessous), il est envisagé de faire rouler toutes les 15 minutes un train en direction de Bettembourg.